Bataille juridique entre l’Etat et les défenseurs des oiseaux autour de la chasse à la glu
Bataille juridique entre l’Etat et les défenseurs des oiseaux autour de la chasse à la glu
Le Monde.fr avec AFP
S’appuyant sur une directive européenne interdisant les méthodes de capture non sélective, la Ligue de protection des oiseaux attaque la France devant la Commission.
La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a porté plainte contre la France devant la Commission européenne, a annoncé l’association, jeudi 3 janvier. Celle-ci vise la chasse à la glu : le Conseil d’Etat a rejeté la semaine dernière une demande d’interdiction de cette méthode « traditionnelle » qui consiste à capturer des oiseaux à l’aide de tiges en bois enduites de glu et posées sur des arbres ou buissons.
Une directive européenne de 2009 interdit les « méthodes de capture ou de mise à mort massive ou non sélective » d’oiseaux, notamment la chasse à la glu, mais prévoit des dérogations quand « il n’existe pas d’autre méthode satisfaisante ». Pour appuyer sa décision, le Conseil d’Etat avait estimé que la réglementation prévoit « un régime d’autorisation et de contrôle rigoureux ».
Autorisée dans cinq départements
La France autorise ainsi dans cinq départements (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse) l’utilisation des « gluaux » pour la capture « sélective » des grives et des merles noirs « en petites quantités », et « puisqu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante ».
Les défenseurs des oiseaux dénoncent, eux, une méthode « cruelle ». « Les oiseaux se débattent, et plus ils se débattent plus ils s’encollent le plumage », décrit à l’Agence France-Presse (AFP) le directeur général de la LPO, Yves Verilhac. Il explique que les oiseaux sont ensuite décollés, gardés vivants avant d’être ultérieurement placés dans des cages afin d’attirer en chantant leurs congénères, qui sont alors tirés au fusil.
La LPO met en avant également le risque que d’autres espèces que celles visées soient prises au piège, comme les mésanges, les rouges-gorges, voire certains rapaces. Ils s’arrachent les plumes sur la glu et sont victimes des solvants utilisés par les chasseurs pour les décoller, assure M. Verilhac.
L’Association nationale de défense des chasses traditionnelles à la grive, saluant la décision du Conseil d’Etat, a de son côté dénoncé sur son site Internet des « campagnes de dénigrement infondées » de la part d’« ayatollahs, apôtres de la pensée unique ».
Ces « chasses dites “traditionnelles” appartiennent au passé. A l’heure où la biodiversité s’effondre, et en particulier les oiseaux, s’amuser à coller (glu), étrangler (tenderie) ou écraser (tendelle) des dizaines de milliers d’entre eux, en plus du fusil, est juste irresponsable », a commenté jeudi dans un communiqué le président de la LPO, Allain Bougrain-Dubourg.
Le ministère de la transition écologique a lancé en octobre un groupe de travail sur les chasses traditionnelles.