Le Parquet national financier ouvre une enquête sur le Grand Paris Express
Le Parquet national financier ouvre une enquête sur le Grand Paris Express
Le Monde.fr avec AFP
La Cour des comptes avait mis en avant dès janvier 2018 des dérapages financiers et des suspicions de favoritisme autour de ce projet de super-métro.
Un panneau d’orientation dans la « Fabrique du métro », un centre d’exposition et d’expérimentation évolutif consacré au futur réseau du Grand Paris Express, à Saint-Ouen. / BERTRAND GUAY / AFP
Une enquête préliminaire a été ouverte par le Parquet national financier (PNF) au sujet du chantier pharaonique du Grand Paris Express, après un signalement de la Cour des comptes soulignant des dérapages financiers et des suspicions de favoritisme, a-t-on appris mercredi 23 janvier d’une source proche du dossier.
Dans un rapport rendu public en janvier 2018, cette cour supérieure, chargée d’examiner l’usage des deniers de l’Etat, avait dressé un diagnostic sévère sur les finances de la Société du Grand Paris (SGP), l’établissement public chargé en premier lieu de construire le futur métro automatique autour de la capitale.
Les coûts « n’ont cessé de dériver »
Chiffré à 19 milliards d’euros lors du débat public en 2010, le supermétro de quelque 200 km était déjà évalué à 22,63 milliards lorsque le projet a été affiné en 2013. Au bout du compte, le coût total du Grand Paris Express serait de 38,48 milliards d’euros, en incluant les « contributions financières » de la SGP à d’autres projets franciliens de transport, selon la Cour des comptes.
« Les coûts prévisionnels (…) n’ont cessé de dériver », ont résumé à l’époque dans ce rapport les gendarmes des deniers publics, en soulignant aussi que des « règles de procédures » ont « parfois [été] contournées » dans l’attribution de marchés conséquents. « Ponctuellement, la Cour a identifié des marchés pour lesquels les procédures et les grands principes de mise en concurrence n’avaient pas été respectés », peut-on lire dans ce rapport.
L’association anticorruption Anticor avait saisi la justice le 12 juin 2018, qui n’avait pas donné suite à sa demande d’ouverture d’enquête, dans l’attente d’« éventuels éléments complémentaires » et d’un signalement de la Cour des comptes, selon les extraits d’un courrier du Parquet national financier (PNF) publié sur le site d’Anticor.
Anticor avait par la suite écrit le 15 novembre 2018 à la Cour des comptes pour lui demander de transmettre un signalement au PNF. « Nous sommes très satisfaits que cette enquête soit ouverte sur cette affaire hors norme qui porte sur un budget total de plus de 38 milliards d’euros dont 13 milliards de dérapages et avec 164 marchés publics passés sans aucune mise en concurrence », a réagi auprès de l’AFP le président d’Anticor, Jean-Christophe Picard.
Retrouvez notre reportage :
Grand Paris Express, un chantier pharaonique sous terre