Alexandre Benalla a violé son contrôle judiciaire à la fin juillet, révèle « Mediapart », enregistrements audio à l’appui
Alexandre Benalla a violé son contrôle judiciaire à la fin juillet, révèle « Mediapart », enregistrements audio à l’appui
Le Monde.fr avec Reuters
Le site d’information affirme que l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron a rencontré l’ancien responsable de la sécurité du parti La République en marche, Vincent Crase, le 26 juillet à Paris.
L’affaire Benalla résumée en 5 minutes
Durée : 05:31
L’ex-chargé de mission à l’Elysée, Alexandre Benalla, a violé son contrôle judiciaire fin juillet, après sa mise en examen pour les violences commises lors du 1er-Mai place de la Contrescarpe, révèle jeudi 31 janvier Mediapart.
Le site d’information affirme en effet que l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron a rencontré Vincent Crase – également mis en examen dans cette affaire – le 26 juillet à Paris. Les deux hommes n’avaient pourtant pas le droit d’entrer en contact, selon les termes de leur contrôle judiciaire.
« Tu vas les bouffer »
Qu’ont-ils évoqué au cours de cette rencontre ? Mediapart a publié des extraits audio de cet entretien, dans lesquels on entend Alexandre Benalla se vanter d’avoir reçu le soutien d’Emmanuel Macron dès sa première mise en examen, comme il le fait depuis le début du dossier. « Truc de dingue, le patron [le surnom qu’il donne à Emmanuel Macron] hier soir m’envoie un message, il me dit : “tu vas les bouffer. T’es plus fort qu’eux, c’est pour ça que je t’avais auprès de moi” », entend-on dans cette bande, authentifiée par Mediapart. Un message présidentiel dont l’Elysée dément l’existence.
Alexandre Benalla se targue aussi, selon le site d’information, du soutien de « Madame », en parlant de Brigitte Macron, ainsi que du conseiller spécial du président, Ismaël Emelien, « qui [le] conseille sur les médias et compagnie ». Mediapart affirme d’ailleurs que l’enquête policière laisse « penser que Benalla a pu remettre à Ismaël Emelien, dans la nuit du 18 au 19 juillet, un CD-Rom contenant des images obtenues illégalement de la préfecture de police, qui vont être diffusées dans les heures qui suivent sur les réseaux sociaux par des comptes En marche ! en défense de Benalla ».
« C’est une bonne expérience »
Selon ces enregistrements audio, Alexandre Benalla, qui attend alors les journalistes du Monde pour une interview, semble aussi apprécier la situation qu’il a provoquée :
« C’est une bonne expérience […]. À 26 ans, si tu veux, y a pas grand monde qui vit…, qui provoque deux commissions d’enquête parlementaires, qui bloque le fonctionnement du Parlement… »
Vincent Crase n’est pas en reste dans ces enregistrements. Concernant les perquisitions réalisées par la police au siège de LRM, l’ancien chargé de sécurité affirme que « toutes [ses] affaires sont là », et poursuit : « J’essaierais bien d’y aller cette nuit, mais le problème, c’est qu’il y a des flics devant… »
L’affaire dite Benalla a débuté avec des révélations sur des violences commises par l’ex-chargé de mission en marge des cortèges du 1er-Mai 2018, puis a connu de nouveaux développements en décembre, avec des révélations dans la presse au sujet de ses passeports diplomatiques, mais aussi à propos de ses activités post-élyséennes et de ses contacts persistants avec Emmanuel Macron.
Notre sélection d’articles sur les affaires Benalla
L’origine de l’affaire : place de la Contrescarpe
- Mercredi 18 juillet 2018, Le Monde publie ses premières révélations. Nous avons identifié, sur une vidéo, cet ancien conseiller d’Emmanuel Macron en train d’interpeller violemment deux manifestants le 1er mai.
- Pour ces faits, Alexandre Benalla a été mis en examen à deux reprises. Il a été licencié fin juillet par l’Elysée.
- D’une ZUP d’Evreux jusqu’au premier cercle du président : récit de l’ascension mystérieuse d’Alexandre Benalla.
- Benalla, Mizerski, Crase…, qui sont les personnages-clés de cette affaire ?
- Que s’est-il passé précisément place de la Contrescarpe ? Retour sur le déroulement des événements.
- Après une semaine de silence, Emmanuel Macron s’est exprimé devant des députés, dans un discours que nous avons décrypté point par point.
- Affaire d’Etat ou non ? Oui, car il y a eu dissimulation estiment certains ; non, car l’Etat n’a pas commis d’acte délictueux, avancent d’autres.
- Plus d’une semaine après les révélations du Monde, l’ex-chargé de mission de l’Elysée Alexandre Benalla a accepté de répondre à nos questions dans un long entretien exclusif.
- Le 19 septembre, il a été auditionné par la commission d’enquête du Sénat : voici ce qu’il fallait en retenir.
- De leur côté, les deux personnes molestées place de la Contrescarpe ont livré leur version des faits.
Les suites de l’affaire : les passeports
- Fin décembre, l’affaire Benalla a rebondi après les révélations de Mediapart et du Monde selon lesquelles l’ancien collaborateur de l’Elysée disposait toujours de passeports diplomatiques malgré son licenciement et qu’il effectuait des voyages d’affaires auprès de dirigeants africains.
- A quoi sert le passeport diplomatique ? Qu’est-ce que le Teorem, le téléphone sécurisé qu’Alexandre Benalla a négligé de rendre ?
- Jeudi 17 janvier 2019, Alexandre Benalla est placé en garde à vue dans l’enquête, ouverte le 29 décembre, sur l’utilisation de ses passeports diplomatiques. L’enquête est également étendue aux infractions de « faux » et « usage de faux ».