En Afrique, des lignes de bus cartographiées par les usagers
En Afrique, des lignes de bus cartographiées par les usagers
Par Claire Legros
A Accra (Ghana), Le Caire (Egypte) ou Nairobi (Kenya), des outils gratuits permettent aux citoyens de géolocaliser les lignes de transport qu’ils utilisent, et ainsi élaborer en commun les cartes qui font défaut.
Un taxi ghanéen traditionnel, baptisé « trotro », à Accra, en 1996. / Jonathan C. Katzenellenbogen/Getty Images
Les applis de calcul d’itinéraires, nouvelles boussoles des déplacements en ville, restent encore souvent réservées aux pays développés. Et pour cause. Dans 60 % des villes dans le monde, il n’existe pas de plans de transport précis. « Dans les villes d’Afrique subsaharienne, 90 % des mobilités urbaines dépendent d’entreprises artisanales de transport qui exploitent des minibus privés, constate Antoine Chèvre, ingénieur urbaniste au sein de la division mobilité de l’Agence française de développement. A Accra, la capitale du Ghana, on ne compte pas moins de 22 000 “trotros”, qui appartiennent à autant d’entrepreneurs. »
Pour améliorer la qualité des données de mobilité urbaine, l’Agence française de développement et ses partenaires misent depuis deux ans sur la contribution des communautés locales. Elle propose en ligne des outils gratuits pour qu’elles puissent géolocaliser les lignes de transport qu’elles utilisent, et ainsi élaborer en commun les cartes qui font défaut.
Une logique de « communs »
La démarche s’est déployée dans trois capitales, Accra, Le Caire (Egypte) et Nairobi (Kenya). Des citoyens équipés de smartphones y parcourent les lignes de minibus pour repérer les arrêts. « La première étape est en effet de générer de la donnée, infrastructure indispensable pour améliorer les conditions de mobilité urbaine, souligne Antoine Chèvre. Nous avons voulu privilégier une logique de “communs”, en mettant à disposition les ressources pour que les habitants s’en emparent, les enrichissent et les partagent à leur tour. »
Les données collectées sont accessibles sur OpenStreetMap, projet cartographique communautaire et ouvert. Les outils sont sous logiciel libre, comme Jungle Bus, une application participative dont le logiciel reporte automatiquement sur une carte les tracés de lignes de bus. Conçue à Managua (Nicaragua), celle-ci a permis à 150 bénévoles de cartographier l’ensemble des arrêts de bus de la ville.
« Le Monde » organise une conférence sur les enjeux sociaux et écologiques de la mobilité quotidienne, intitulée « Une mobilité durable pour tous ? » jeudi 28 mars, de 8 h 30 à 10 h 30, au couvent des Jacobins à Rennes. Inscriptions en ligne (gratuit)
Cet article est extrait d’un dossier réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la métropole de Rennes.