Commerce : le duo sino-américain reprend le dialogue
Commerce : le duo sino-américain reprend le dialogue
La Chine et les Etats-Unis ont accepté de reprendre la voie de la négociation mais la détente diplomatique masque mal les obstacles majeurs à franchir pour mettre fin à leur guerre commerciale.
Le président américain Donald Trump rencontre le président chinois Xi Jinping lors du G20 à Osaka au Japon, le 29 juin. / Susan Walsh / AP
Les discussions sur un accord commercial entre les Etats-Unis et la Chine ont repris, a affirmé lundi 1er juillet le président américain Donald Trump, qui a rencontré son homologue chinois en marge du sommet du G20 ce week-end.
« Ça a déjà commencé », a dit M. Trump à la presse à la Maison Blanche en réponse à la question de savoir si les négociations avaient repris. « Ils parlent au téléphone, mais ils se rencontrent aussi », a-t-il ajouté, dans une allusion apparente à des négociateurs.
Le milliardaire républicain a toutefois estimé que tout accord devrait « pencher » en faveur des Etats-Unis. « Il doit être meilleur pour nous que pour eux parce qu’ils ont eu un énorme avantage sur nous pendant tellement d’années », a-t-il dit. « Clairement, nous ne pouvons pas avoir d’accord à 50/50. L’accord doit pencher en quelque sorte en notre faveur ».
Donald Trump et Xi Jinping ont évité le pire en décrétant samedi lors du sommet du G20 d’Osaka une trêve dans leur guerre commerciale.
Lire aussi : G20 d’Osaka : Washington et Pékin relancent leurs négociations commerciales
Tarifs douaniers
Pékin souhaite la levée des tarifs douaniers supplémentaires. L’administration Trump a toujours fait savoir qu’elle comptait garder ce levier, au moins en partie, pour faire appliquer un éventuel accord commercial.
Pour permettre de renouer le dialogue, le président Donald Trump a annoncé qu’il n’entendait « pas ajouter » de tarifs douaniers sur les importations venant de Chine, ni en supprimer, « au moins pour le moment ».
Pour l’heure, Washington impose des taxes douanières supplémentaires sur 250 milliards de biens chinois et Pékin sur 110 milliards de biens américains, fragilisant la croissance des deux pays.
Huawei
C’est sans doute le dossier le plus épineux qui illustre l’enjeu de ce conflit commercial : la domination des hautes technologies.
Les Etats-Unis soupçonnent les systèmes fabriqués par Huawei, l’un des leaders des smartphones et équipementiers en télécoms, d’être utilisés par Pékin à des fins d’espionnage. Les entreprises américaines ont dû suspendre à la demande de l’administration Trump la vente de précieux composants.
Pour apaiser le mécontentement de ces fournisseurs américains, Donald Trump a annoncé l’assouplissement des restrictions. Ces entreprises vont pouvoir reprendre les ventes de certains équipements à Huawei, à condition que ceux-ci ne posent « pas de grand problème de sécurité nationale ». L’administration n’a pas diffusé de liste précise des composants autorisés ou interdits.
Pour autant, le président a annoncé que le règlement complet de ce dossier se ferait à la fin, une fois un accord commercial général trouvé.
Barrières politiques
Aux Etats-Unis, de nombreux parlementaires, dont le sénateur républicain Marco Rubio, sont opposés à toute levée des restrictions contre Huawei et exhortent à la fermeté.
En Chine, Xi Jinping est, lui, confronté aux chefs de parti et aux dirigeants d’entreprises appartenant à l’Etat qui accusent Washington de vouloir démolir le modèle économique chinois qui a hissé la Chine au rang de deuxième puissance économique mondiale.
Changements structurels
L’administration américaine exige des autorités chinoises qu’elles mettent fin aux subventions massives d’Etat, au transfert forcé de technologies ou encore au vol de la propriété intellectuelle.
Le locataire de la Maison Blanche avait révélé en mai que sur ces engagements, Pékin avait fait volte-face, ce qui avait remis le feu aux poudres.
Samedi, Donald Trump a répété qu’il voulait « un bon accord ». Mais Pékin n’a pas confirmé être prêt à faire des concessions sur des pratiques commerciales qui ont contribué au miracle économique chinois.
Agriculture
En échange d’une pause sur la hausse des tarifs douaniers, Washington affirme avoir obtenu de la Chine qu’elle achète davantage de produits agricoles américains.
Ce secteur, cher à Donald Trump, est celui qui a le plus souffert de la guerre commerciale. A titre d’exemple, les exportations de soja américain vers la Chine, frappées de tarifs douaniers supplémentaires, se sont effondrées en 2018, représentant 3,1 milliards de dollars contre 12,3 milliards en 2017.
L’administration américaine a certes accordé aux éleveurs et agriculteurs deux importantes aides financières (12 milliards en 2018 puis 16 milliards de dollars annoncés en mai dernier). Mais le mécontentement grandit. Et Donald Trump, reparti en campagne électorale, entend ménager cet électorat.
« La Chine va acheter un montant incroyable de nourriture et produits agricoles, ils vont commencer très bientôt », a-t-il promis. « Nous allons leur fournir une liste de choses que nous aimerions qu’ils achètent », a-t-il encore dit, assurant que les agriculteurs seront in fine « les grands bénéficiaires ».
Investissements
Dans un geste de bonne volonté, la Chine a annoncé dimanche qu’elle allait, à compter du 30 juillet, assouplir ou lever les restrictions aux investissements étrangers dans de nouveaux secteurs dont le transport maritime et certains services de télécommunication, l’exploration pétrolière et gazière.