Au Kazakhstan, un militant des droits de l’homme soudainement libéré
Au Kazakhstan, un militant des droits de l’homme soudainement libéré
Le Monde.fr avec AFP
Serikjan Bilash, qui a fait campagne dans son pays sur le sort des minorités de la région chinoise du Xinjiang, avait été arrêté en mars et placé en résidence surveillée.
Serikzhan Bilash, à Almaty, au Kazakhstan, le 29 mars 2018. / Ng Han Guan / AP
Un militant kazakh des droits de l’homme qui a fait campagne dans son pays sur le sort des minorités de la région chinoise du Xinjiang a été soudainement libéré vendredi sur fond de pressions internationales depuis l’ouverture il y a plus de deux semaines de son procès.
Serikjan Bilash, qui était jugé pour incitation à la haine raciale et risquait à ce titre sept ans de prison, a expliqué à l’Agence France-Presse avoir accepté de passer un accord avec le tribunal : celui-ci lui a accordé la liberté contre une cessation de ses activités militantes.
S’exprimant dans la soirée dans un restaurant d’Almaty, la deuxième ville du Kazakhstan, où il se trouvait avec sa famille et une quarantaine de ses soutiens, il a expliqué :
« J’ai dû mettre fin à mon militantisme contre la Chine. C’était ça ou sept ans de prison. Je n’avais pas le choix. »
« Génocide »
Serikjan Bilash avait été arrêté en mars puis placé en résidence surveillée. Son procès avait commencé le 29 juillet dernier. La justice kazakhe lui reproche une campagne destinée à sensibiliser l’opinion au sort des Kazakhs et d’autres populations musulmanes victimes de la répression chinoise au Xinjiang.
Son procès, entamé à Noursoultan, la capitale, avait par la suite été transféré à un tribunal d’Almaty. Devant le tribunal, M. Bilash avait dénoncé un « génocide » perpétré selon lui par Pékin au Xinjiang, accusant les autorités kazakhes de « travailler au service de l’expansion chinoise ».
Son mouvement de défense des droits des minorités Ata-Jurt a été une source importante d’informations sur ce que la Chine présente comme des centres d’éducation mais que d’anciens détenus affirment être des camps de rééducation politique.
Quelque 1,5 million d’habitants d’ethnie kazakhe habiteraient au Xinjiang, une vaste région chinoise principalement peuplée de musulmans. Théâtre de violentes tensions interethniques et d’attentats meurtriers, la province a été placée ces dernières années sous haute surveillance policière.
L’incarcération de milliers de personnes d’origine kazakhe au Xinjiang est un sujet délicat dans les relations sino-kazakhes, le Kazakhstan étant un allié de la Chine et son économie dépendant fortement de ce pays.
Les autorités kazakhes ont assuré l’année dernière que leurs efforts diplomatiques auprès des Chinois avaient permis la libération de quelque 2 500 Kazakhs de souche et leur émigration vers le Kazakhstan.