« A l’âge de 4 ans, j’ai décidé que je serais chanteuse et que je monterais sur scène », raconte Yael Shoshana Cohen, à un moment du concert de Lola Marsh, venu de Tel Aviv, le groupe dont elle est la voix. Chanteuse, elle l’est pleinement, avec une gestuelle gracieuse, sans affectation. Programmé en fin d’après-midi, jeudi 14 avril, à L’Auditorium, le groupe est la plaisante découverte de la troisième journée du festival Le Printemps de Bourges-Crédit mutuel. Duo à l’origine, avec le guitariste Gil Landau, Lola Marsh est complété maintenant d’un guitariste et claviériste, d’un bassiste et un batteur.

Stylistiquement, la formation est plutôt sur le terrain d’une pop fort bien tournée. L’emploi, ici et là, de clochettes et d’un métallophone évoque certaines des productions de Phil Spector dans les années 1960, les traits de guitares donnent comme une couleur folk-rock versant californien. D’abord dans le registre de la ballade, en approchant une forme de mélancolie musicale, Lola Mars construit son concert par avancées du tempo. You’re Mine, sur un motif répétitif de claquements de mains, en est une première étape. Jusqu’à une envolée en ampleur en conclusion après une petite quarantaine de minutes convaincantes de bout en bout.

Lola Marsh - You're Mine
Durée : 04:37

Radio Elvis, poussée sauvage

En soirée, même enthousiasme avec un doublé au Théâtre Jacques-Cœur, belle salle à l’italienne, intime. D’abord avec le trio Radio Elvis puis avec le « vaisseau pirate » Dionysos, comme le présente son chanteur Mathias Malzieu. Les premiers avaient reçu, en 2015, de ce dernier le Prix du jury des Inouïs, le dispositif de repérage des nouveaux talents mis en place par Le Printemps de Bourges depuis 1985 – alors sous le nom Découvertes du Printemps.

Depuis, Radio Elvis a enregistré un album, Les Conquêtes sorti début avril chez PIAS. Il avait laissé un peu hésitant par excès de littérature dans certains des textes. Ce concert ammène à réviser cette impression. Par ce qu’il apporte de poussée sauvage, de relief, de contraste. Cela tient à un allant collectif, une fougue partagée par Pierre Guénard (chant et guitare), dont le timbre de voix est proche de celui de Dominique A, avec un même sens de l’expressivité mélodique, Manu Ralambo (guitare et basse) et Colin Russeil (batterie et claviers).

Radio Elvis - Les moissons
Durée : 03:56

Dionysos ou la joie musicienne

Dionysos et Le Printemps de Bourges, c’est une histoire au long cours qui a débuté par un premier passage en l’an 2000. C’est leur septième venue. Avec les chansons d’un nouvel album Vampire en pyjama (Columbia Records), pendant musical du livre, publié comme le disque fin janvier, Journal d’un vampire en pyjama Albin Michel), dans lequel Mathias Malzieu raconte une maladie rare du système sanguin, l’aplasie médullaire, dont il a été atteint fin 2013. Un vie en suspens, avec un long traitement, des transfusions sanguines hebdomadaires. Chansons d’été, Hospital Blues, Vampire de l’amour sont quelques-unes de ces nouveautés. A laquelle Dionysos ajoute quelques anciennes, les histoires de Giant Jack et son cœur en horloge, de Tom « le plus mauvais cascadeur du monde et de la galaxie », ou Song For Jedi.

Cela constitue un spectacle cohérent, avec certes en fond l’évocation d’un combat personnel, mais sans s’étendre plus que ça. En en faisant même une sorte de raison supplémentaire de goûter chaque instant, chaque note d’une musique alliant rock, music-hall, ritournelles enfantines, chaque manifestation de complicité artistique et humaine avec les autres membres du groupe, Babet (violon, claviers, chant), Miky Biky (guitares), Stephano (basse, claviers) et Rico (batterie). Tout l’opposé de l’auto-apitoiement piteux dans lequel se complaît une bonne partie de la chanson actuelle en France. Dionysos ou la joie musicienne, à nouveau, de plus en plus, de mieux en mieux.

Dionysos - Vampire de l'amour (Clip officiel)
Durée : 02:48

Festival Le Printemps de Bourges-Crédit mutuel, jusqu’au dimanche 17 avril. De 10 € à 36 €.