Des vies radioactives
Des vies radioactives
Par Antoine Flandrin
De la Biélorussie au Japon, le quotidien angoissant de populations qui vivent dans des zones contaminées (mardi 26 avril, à 20 h 55, sur Arte).
Le site de Tchernobyl, trente ans après la catastrophe. | © Sky Vision
De la Biélorussie au Japon, le quotidien angoissant de populations qui vivent dans des zones contaminées (mardi 26 avril, à 20 h 55, sur Arte).
Après l’explosion du réacteur 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine, le 26 avril 1986, 250 000 personnes ont été évacuées de leurs maisons dans l’urgence pour ne jamais y revenir. Autour de la ville, un périmètre de 30 kilomètres de rayon a été décrété zone d’exclusion. L’équipe d’Olivier Julien s’est rendue au plus près de ce no man’s land pour filmer ces habitations abandonnées, cette végétation brûlée par la pollution radioactive.
En Biélorussie, pays qui a hérité de plus de 70 % des retombées radioactives de l’accident, il a interrogé des témoins de la catastrophe. Certains ont été lourdement contaminés. Dans les « zones grises » décrétées vivables, réparties entre la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine, quelque 7 millions de personnes ont ainsi appris à vivre avec la radioactivité. Longtemps, elles ont vécu la peur au ventre, car les Etats, dépassés par une situation sans précédent, n’étaient pas en mesure d’apporter des réponses concrètes aux questions qu’elles se posaient : quels risques les populations couraient-elles en continuant à vivre sur place ? Quels aliments consommer ?
L’effroi demeure
A Olmany, village biélorusse de quelque 1 300 habitants, l’intervention, en 1996, du chercheur français Jacques Lochard a été déterminante. Avec son équipe, il a appris aux habitants à mesurer au quotidien, dans leur corps et leur environnement, des taux de contamination très variables. Soulagés, les villageois ont pu prendre en main leur destin.
L’auteur a aussi enquêté en Norvège, pays d’Europe occidentale le plus touché par les retombées de Tchernobyl, où les Sami, population autochtone qui vit dans les zones montagneuses du centre du pays, n’ont eu d’autre choix que de modifier leur technique d’élevage. Des changements qui ont mis en péril leur culture ancestrale.
A Litate, au Japon, les victimes de la catastrophe nucléaire de Fukushima de mars 2011 sont aujourd’hui confrontées à d’autres problèmes agricoles. Si les Biélorusses, qu’ils ont rencontrés, les ont aidés à dépasser l’angoisse de la pollution radioactive et à combattre ses effets au jour le jour, l’effroi demeure. En effet, les dangers de la radioactivité sont connus, mais nous continuons à construire des centrales nucléaires.
Tchernobyl, Fukushima : vivre avec, d’Olivier Julien (Fr., 2016, 90 min). Mardi 26 avril, à 20 h 55, sur Arte.