Déserts médicaux : les petites villes demandent l’intervention de l’Etat
Déserts médicaux : les petites villes demandent l’intervention de l’Etat
Par Solène Cordier
L’Association des petites villes de France formule plusieurs recommandations en vue de la réunion de la grande « Conférence santé », réunie à l’initiative de Marisol Touraine à partir de jeudi.
Les petites villes sont confrontées au vieillissement des médecins, qui ne trouvent pas de confrères pour reprendre leur patientèle. | Régis Duvignau/Reuters
L’Association des petites villes de France (APVF) a publié, mardi 9 février, un rapport pointant la fragilisation de l’offre de soins dans les petites villes. L’Association, qui représente les communes de 2 500 à 25 000 habitants, s’alarme de la recrudescence des « déserts médicaux » dans ces territoires.
Elle formule plusieurs recommandations en vue de la réunion de la grande « Conférence santé », réunie à l’initiative de Marisol Touraine à partir de jeudi 11 février.
Le difficile renouvellement des médecins généralistes
Le problème n’est pas nouveau. Dans un rapport sénatorial réalisé en 2012 et intitulé « Déserts médicaux, agir vraiment », l’intensification des déserts médicaux, définis comme des « zones sous-médicalisées dans lesquelles les patients éprouvent des difficultés à accéder aux soins dans des conditions de proximité et de délais satisfaisantes », était déjà pointée.
Plus récemment, le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) dénombrait 192 déserts médicaux dans lesquels vivent près de 2,5 millions de personnes.
Mais l’enquête publiée par l’APVF souligne que le phénomène, qu’on pensait toucher principalement les zones rurales, concerne désormais aussi les petites villes en périphérie d’agglomération.
Les difficultés sont de plusieurs ordres. En premier lieu, le vieillissement des médecins, qui souvent ne trouvent pas de jeunes confrères pour prendre leur suite. « Dans certains bassins de vie, 100 % des généralistes ont plus de 55 ans », souligne Erwann Calvez, chargé de mission à l’APVF. Soixante-dix pour cent des maires interrogés disent ainsi que les médecins de leur municipalité partant à la retraite ont connu des difficultés pour trouver un remplaçant.
La situation est encore plus critique pour les spécialistes qui ne pratiquent pas de dépassement d’honoraires. En s’en tenant au critère géographique, le rapport du Sénat considérait, par exemple, qu’environ 9 millions de personnes vivent dans un désert médical pour la gynécologie.
Le rapport dénonce une « spirale négative » dans les petites villes, confrontées par ailleurs à la fermeture de services hospitaliers dans leur ville ou aux alentours. Les services d’urgence et les maternités sont les plus touchés et le phénomène risque de s’accentuer dans un contexte de redressement des comptes publics.
Des territoires prioritaires de santé préconisés
Face à cela, l’APVF demande que l’installation des médecins sur le territoire soit régulée, par la loi ou par la convention qui régit les relations des médecins avec l’Assurance-maladie, en prenant en compte les bassins de vie.
« La renégociation de la convention de l’Assurance-maladie en 2016 peut donner un nouveau cadre », espère M. Calvez, qui cite l’exemple des infirmières libérales qui exercent dans les zones dites « surdotées » et ne peuvent, de ce fait, prétendre à un conventionnement de l’Assurance-maladie qu’en cas de cessation d’activité d’un confrère.
L’APVF défend également la création de « territoires prioritaires de santé », qui bénéficieraient de mesures incitatives pour l’installation des médecins et d’un soutien au financement de certaines activités ou à l’implantation de certaines structures, tels que des centres de santé.
L’Association propose aussi la mise en place d’un conventionnement, piloté par l’Agence régionale de santé et les conseils territoriaux de santé, qui permettrait aux médecins qui souhaitent prendre leur retraite de pouvoir continuer à exercer à tiers-temps. Une manière de favoriser le renouvellement des praticiens.