La « Little Red Corvette » pleure Prince
La « Little Red Corvette » pleure Prince
M le magazine du Monde
Le Garage du cœur, la rubrique auto rétro de « M », est consacré cette semaine au modèle mythique célébrée par le chanteur dans son tube de 1983.
Une pleine page dans les grands journaux américains, avec un modèle Stingray Split Window rouge sang accompagné d’une phrase : « Baby, c’est allé bien trop vite. Prince 1958-2016 ». Quelques jours après sa disparition, Chevrolet a célébré à sa manière l’auteur de Little Red Corvette avec un message en forme de clin d’œil aux paroles de Prince. Ce morceau sorti en 1983 sur l’album 1999 fut l’un de ses premiers grands succès. L’un des plus repris, aussi, lors des multiples hommages publics improvisés rendus au musicien après l’annonce de son décès. Métaphore ô combien classique de la culture rock, Little Red Corvette célèbre le désir pour une femme – séduite, mais insoumise – symbolisée par une voiture de sport.
La publicité de Chevrolet en hommage à Prince (à gauche) et la Corvette en version Stingray (en haut à droite) et roadster. | Chevrolet. Stephen Hennessey. Don O'Brien
L’idée de cette chanson serait venue au musicien alors qu’il se trouvait à bord de la Ford Edsel rose de Lisa Coleman, sa guitariste, de retour d’une nuit d’enregistrement. La Little Red Corvette de Prince est tout à la fois une femme qui collectionne les aventures avec une certaine élégance et une voiture qui va beaucoup trop vite. Le choix de ce modèle garantit l’efficacité du parallèle.
Prince - Little Red Corvette
Durée : 03:07
La fameuse « Vette » de Chevrolet apparut pour la première fois en 1953 ; depuis, elle n’a cessé de provoquer autour d’elle une sorte de culte, celui de la voiture de sport jeune, enthousiaste et rebelle. Son lancement par General Motors est destiné à répondre au succès remporté par les petits roadsters européens (MG, Austin Healey, Jaguar, Porsche, Mercedes) popularisés par les GI’s de retour des bases européennes. Dessiné par Harvey Earl, qui sera le grand artisan des voitures américaines à ailerons des années héroïques, ce roadster (décapotable deux-places) reçoit tout ce qui doit faire un succès automobile au début des années 1950 aux Etats-Unis : des feux arrières fuselés d’inspiration aéronautique et une calandre chromée dite « en aileron de requin ». D’abord surclassée par sa grande rivale, la Ford Thunderbird, la Corvette (qui n’est « petite » que lorsqu’on la compare à la taille moyenne de la production automobile américaine de l’époque…) va connaître le succès en installant sous son capot des moteurs toujours plus puissants. Elle aura même droit à un « Big block » de 7,4 litres de cylindrée développant 425 ch également utilisé par des… camions.
L’acmé de la Chevrolet Corvette est l’apparition, en 1963, du modèle Stingray avec son fameux split-window (lunette arrière en deux parties) que Chevrolet a choisi pour rendre hommage au musicien. Cette voiture à la forte personnalité continue aujourd’hui d’être fabriquée et de remporter un très large succès (la septième génération a été dévoilée au salon de Detroit en 2016) grâce à sa ligne intemporelle et sexy – pour une fois, le terme n’est pas galvaudé – mais sans doute aussi grâce à l’ode qui lui fut un jour consacrée. Outre ce modèle-culte, un autre engin porte le deuil de Prince ; la Honda 400, largement customisée avec un énorme carénage, que le musicien chevauche sur la pochette de l’album Purple Rain et dans le film éponyme.
Autre véhicule fétiche de Prince : la Honda 400 qu'il chevauchait sur l'affiche du film "Purple Rain". | DR