En 2007, le nœud du problème

Christophe Morin/IP3

Elle a 30 ans et on ne parle que d’elle. Tout juste nommée secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, Rama Yade plaît, fascine, irrite, interroge. Qui est-elle, au fond ? Un alibi diversité, une future grande ou juste une intruse dans un gouvernement bien de droite ? Sur ce point-là, elle-même entretient l’ambiguïté. Mariée à un militant PS, elle se dit plus sensible au charisme de Nicolas Sarkozy qu’aux valeurs de la droite. Et puis elle porte un nœud lavallière, accessoire très prisé, au XIXe siècle, des artistes, des étudiants et des intellectuels. Mais ceux de gauche, uniquement. Tiens, tiens…

En 2008, le cuir sur la main

Fred Tanneau / AFP

Les mois passent et les questions demeurent. Mais enfin ! Qui est cette jeune effrontée qui boycotte une visite en Chine et fustige la venue en France de Kadhafi ? Rama Yade l’insoumise ne manque pas d’aplomb. Ni d’idées. Pour ne plus souffrir l’infamie de toucher la main d’un dictateur à qui il faut vendre des avions ou acheter du pétrole, elle ne quitte plus ses gants de cuir. Tiré par les cheveux ? A peine.

En 2010, direction le tatami

Lionel Préau / Riva Press

Ce qui devait arriver arriva. A force d’insoumission, Rama Yade est tombée en disgrâce. Un peu. Puisque sa cote de popularité dans l’opinion reste élevée, on lui a trouvé un placard au ministère des sports. La jeune femme s’implique dans son nouveau rôle et va même jusqu’à revêtir un pantalon de judoka. Au conseil des ministres, l’étonnement est grand. Sauf chez David Douillet. Et chez Roselyne Bachelot, la ministre de tutelle de Rama Yade, lancée dans un combat au corps-à-corps avec l’ambitieuse.


En 2012, K.O. en carreaux

Bruno Charoy

Plus forte en prises de positions qu’en prises de judo, elle a perdu le combat. Fini le gouvernement, finis les spotlights, finie la belle vie et bonjour le Parti radical. Autant le dire : Rama Yade est sur le carreau. En l’occurrence, il s’agit d’un tartan, tissu iconique des punks de 1977. « No Future » pour l’ancienne secrétaire d’Etat ?

En 2016, toujours pas blazée

Thomas Samson / AFP

Quatre ans plus tard, Rama Yade « is back ». Sur TF1, elle est même venue annoncer sa candidature à l’élection présidentielle, vêtue d’un blazer à rayures qui interroge les fins observateurs : rayures tennis, rayures craie, rayures régate, rayures ­Bengale ou rayures bonbon ? Non, rayures bâton. Rien de mieux pour se faire battre.