Le sud-africain Steinhoff propose de reprendre la moitié des salariés de Cauval en France
Le sud-africain Steinhoff propose de reprendre la moitié des salariés de Cauval en France
Par Juliette Garnier
Le groupe sud-africain s’engage à reprendre cinq des usines du fabricant de matelas. Le site de Bar-sur-Aube, qui emploie 460 personnes ne fait pas partie du périmètre.
Steinhoff présentera son offre de reprise aux salariés les 20 et 22 avril, lors des comités d'entreprise des différents établissements. | ECOVAL@CAUVAL
Steinhoff déploie tous ses arguments pour emporter Cauval Industries. Le groupe sud-africain, propriétaire de l’enseigne d’ameublement Conforama, est prêt à mettre plus de 76 millions d’euros sur la table pour reprendre la majorité des actifs du fabricant de matelas, en redressement judiciaire depuis le 29 février au tribunal de commerce de Meaux, devait-il annoncer mardi 19 avril.
Steinhoff propose désormais de reprendre cinq des six usines du fabricant de matelas, contre trois auparavant. Son offre inclut les sites de Limay (Yvelines), Mantes-la-Jolie (Yvelines), Saint-Amand (Nord), Mer (Loir-et-Cher), ainsi que les usines de Fougères (Ille-et-Vilaine) et Reichshoffen (Bas-Rhin) qui, jusqu’à présent, ne faisaient pas partie de ses desiderata. Son offre concerne désormais 971 salariés, contre 771 auparavant.
Le sud-africain exclut toujours de reprendre l’usine de Bar-sur-Aube, qui emploie 460 personnes. Toutefois, pour s’attirer les faveurs du tribunal de commerce, qui doit choisir un repreneur en fonction du maintien du plus grand nombre d’emplois, Steinhoff délie les cordons de sa bourse : il explique qu’il « abondera le fonds de reclassement du personnel de Bar-sur-Aube à hauteur de 2 millions d’euros ». Et parallèlement, si ce site, spécialisé dans la fabrication de canapés clic-clac, trouve preneur, Conforama s’engage à apporter un volant d’activité au futur propriétaire, assure le président de l’enseigne, Alexandre Nodale.
Stratégie d’intégration
Le président de Conforama présentera l’offre du groupe Steinhoff aux salariés de Cauval mercredi 20 avril et vendredi 22 avril lors de la tenue des comités d’entreprise des différents établissements. Le groupe sud-africain leur dira être en mesure de relancer l’activité des usines et d’atteindre 250 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 2020, après un exercice 2017 prévisionnel de 175 millions. Il injectera 67 millions d’euros de capital pour relancer les lignes de production, assure-t-il. Par ailleurs, Steinhoff entend reprendre les marques Dunlopillo, Treca et Pullman pour un montant de 7,2 millions d’euros.
« La reprise de Cauval Industries relève de la stratégie d’intégration du groupe Steinhoff », assure M. Nodale. Dirigé par Markus Jooste, ce groupe de 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires est un conglomérat présent dans trente pays. Ses principales filiales relèvent du secteur du meuble.
Le groupe entend mieux rivaliser avec le suédois Ikea, notamment en Europe. Depuis le rachat de Conforama en 2010, le Vieux Continent est son territoire de chasse. En mars, il s’est engagé à racheter Darty pour un montant de 875 millions d’euros, à la barbe du groupe Fnac.
Pedigree d’industriel argenté
Ce pedigree d’industriel argenté conviendra-t-il aux juges du tribunal de commerce de Meaux ? « Notre offre a été montée de manière à ne rien avoir à céder par la suite », fait valoir M. Nodale. En creux, bien que son offre soit moins disante socialement, le dirigeant espère persuader les juges de sa plus grande pertinence par rapport à celle de ces rivaux. Car les candidats à la reprise du groupe, autrefois détenu et présidé par Gilles Silberman, ancien avocat, sont nombreux.
Plusieurs d’entre eux proposent des offres de reprise globales. Parmi eux, le groupe portugais Aquinos avec lequel le dirigeant avait signé un accord pour recapitaliser l’entreprise au débude 2016, à hauteur de 25 millions d’euros. L’industriel s’était ravisé, entraînant le dépôt de bilan de Cauval, à en croire M. Silberman.
Aux côtés du portugais figure aussi le fond d’investissement Perceva. Le spécialiste du redressement d’entreprises en difficulté s’est associé à deux anciens dirigeants de Cauval, François Duparc et Alain Boussuge. Au début du mois d’avril, il assurait vouloir reprendre l’ensemble des sites et du personnel Cauval en France.
Enfin est également candidat Verdoso, holding de Franck Ullmann, ancien proche de M. Silberman. « Peu importe le repreneur, il nous faut les meilleures garanties pour la pérennité de l’activité à long terme et le maintien de l’emploi », réagit Mustapha Mamouri, délégué syndical CGT à Bar-sur-Aube. Le tribunal de commerce de Meaux doit se prononcer le 17 mai.