Quatre défis que le tourisme mondial doit relever
Quatre défis que le tourisme mondial doit relever
Par Thomas Doustaly
De la menace terroriste au boom du tourisme chinois, tour d’horizon, des évolutions auxquelles le secteur est confronté.
Dossier spécial études de tourisme, hôtellerie et restauration. Quelles sont les défis et enjeux immédiats pour le tourisme mondial ? Voici, à l’intention des professionnels du secteur et des étudiants qui s’y destinent, les questions et réponses esquissées lors du plus important salon mondial du tourisme, l’ITB Berlin, qui s’est tenu le mois dernier.
Les Chinois sont désormais les premiers clients du tourisme mondial. Ici, des vacanciers au Mont Fuji, au Japon, en mai 2015. AFP PHOTO / FRED DUFOUR | FRED DUFOUR / AFP
Faire face à la menace terroriste...
Rolf Freitag, le PDG d’IPK International, un institut de recherches sur le tourisme, a partagé des prévisions modérément optimistes pour l’année 2016 : « Nous anticipons une poursuite de la croissance des visites des villes, malgré les attaques terroristes. » Selon les résultats du World Travel Monitors, le nombre des visites des villes a fait un bond de 82 % entre 2007 et 2014. En 2014, Hong Kong, Paris et New York étaient en tête de la liste des dix villes les plus visitées. En 2015, la France a connu la saison touristique record escomptée, mais avec un net repli au dernier trimestre, après les attaques à Paris et au Stade de France.
Les visites des villes sont le segment à la plus forte croissance dans le monde, et les prévisions restent positives pour 2016 malgré les attentats de Paris. Néanmoins, « 40 % de voyageurs internationaux disent que la menace terroriste a une influence sur leurs projets de voyage » selon Freitag. IPK International prévoit une croissance totale des voyages à l’étranger de 3 % en 2016, et estime qu’elle aurait été de 4,5 % sans la menace terroriste.
...et à l’afflux de réfugiés
L’impact de l’afflux massif de réfugiés venus de Syrie et du Moyen-Orient n’a pas été minimisé à l’ITB. Peut-on voyager à « contre-courant » de ce flux ? Quel impact a-t-il sur le trafic aérien et le tourisme en général, notamment en Jordanie, en Grèce, en Turquie ou en Italie ? Le tourisme peut-il être un « facteur de paix » ?
Une conférence intitulée « Vieille Europe, nouvelles frontières » s’est penchée sur ces questions, et d’autres séminaires se sont attachés aux questions de sécurité et de prévention du terrorisme dans ce contexte singulier. Un exemple allemand d’intégration par l’emploi de réfugiés dans le secteur du tourisme a ouvert des perspectives : Razan Nassreddine et Rita Albahriont ont présenté l’initiative « Multaka », qui signifie « lieu de rencontre » en arabe. sont quatre musées berlinois, dont le musée d’art islamique, qui ont formé des réfugiés syriens et irakiens au métier de guide, pour qu’ils puissent à leur tour proposer des visites en arabe aux réfugiés et aux touristes arabophones.
Accompagner les voyageurs sur le numérique
Les voyageurs et les touristes utilisent de façon toujours plus importante leurs smartphones avant, pendant et après leurs voyages. Les professionnels doivent donc adapter leurs produits numériques à ces usages, notamment sur les réseaux sociaux et via des applications dédiées. L’accompagnement du touriste dans chaque « micromoment » est au cœur des nouvelles stratégies. En amont du voyage, les professionnels sont très attentifs à l’avenir du bouton acheter sur Facebook. Inversement, l’importance croissante du voyage pour les réseaux sociaux explique la présence de Snapchat et de Tripadvisor pour la première fois à l’ITB Berlin.
Intégrer le boom du tourisme chinois
Les Chinois sont devenus à la fois les premiers clients et les premiers acteurs du marché du tourisme. Ils restent les premiers aussi en matière de croissance, tous indicateurs confondus. Signe de cette domination, la création d’un salon international du tourisme en Chine. Il se tiendra chaque année, à compter de mai 2017, au Centre International des Expositions de Shanghai. Du côté des touristes chinois, les pratiques évoluent : ils voyagent moins longtemps et choisissent souvent des hôtels de luxe, selon une étude effectuée par le World Travel Monitor® de l’IPK International pour le compte du salon berlinois.