Raghavendran Ganesan, 30 ans, #EnMémoireBruxelles
Raghavendran Ganesan, 30 ans, #EnMémoireBruxelles
Cet ingénieur indien a été tué dans les attentats de Bruxelles. « Le Monde » et « La Libre Belgique » s’associent pour publier les portraits des 32 victimes.
Raghavendran Ganesan #EnMémoireBruxelles | dr
Détaché en Belgique il y a quatre ans par Infosys, le géant indien des services informatiques, Raghavendran Ganesan, 30 ans, pensait regagner définitivement son pays en juin, pour retrouver à Pune, dans l’ouest de l’Inde, sa femme Vaishali et leur fils, né en février. « Il tenait à faire de son fils un homme accompli », confie son frère Chandrasekar.
Le hasard, qui l’a mis dans le métro à la station Maelbeek, sur le chemin de son travail, le 22 mars vers 9 heures du matin, à l’heure et dans le wagon choisis par un terroriste pour se faire exploser, en a décidé autrement. Le jeune et très apprécié ingénieur informaticien, si représentatif de cette génération d’ingénieurs des nouvelles technologies que l’Inde du 21ème siècle forme et envoie aux quatre coins du globe, n’aura pas eu la chance de voir grandir ce fils qu’il n’avait vu qu’une fois, ni d’habiter la maison qu’il venait d’acheter à Pune.
Employé par Infosys depuis 2008, Raghavendra, originaire de Chennai, était le seul étudiant de sa promotion à avoir été recruté avant d’être diplômé. A Infosys, « ses collègues disaient de lui qu’il était un des meilleurs employés détachés auprès de Proximus », un opérateur téléphonique belge, « au point de ne pas vouloir le laisser partir », raconte son frère.
Hommages en Inde
Aiyadurai Iyer, un ami d’enfance, se souvient de « quelqu’un de discret, généreux ». Raghavendra aimait les échecs, la guitare, le badminton et le cricket et ne manquait pas une occasion de voyager. Par les livres ou les mangas japonais qu’il dévorait, et par le travail, qui l’avait éloigné de l’Inde. Il était religieux aussi, dit son frère, qui compte bon nombre de souvenirs avec lui, surtout du temps où ils ont habité ensemble à Bruxelles. « Nous étions allés visiter Bruges il y a un an, ajoute Chandrasekar. Ensuite, je suis allé étudier en Allemagne, mais nous nous appelions via Skype tous les soirs. »
Le corps du jeune ingénieur a été rapatrié en Inde le 29 mars. « Une centaine de personnes étaient présentes, toutes inconsolables, détaillent les médias locaux. La police a même dû organiser une file d’attente pour que chacun puisse présenter ses hommages ». Le lendemain, le chef du gouvernement indien devait s’adresser à la diaspora indienne à Bruxelles, lors d’une courte visite officielle dans la capitale européenne. Finalement, il a préféré se rendre à la station de métro Maelbeek pour y déposer une gerbe de fleurs en compagnie de Didier Reynders, le ministre belge des affaires étrangères. Narendra Modi a ainsi rendu hommage à la mémoire des victimes des attentats et à celle de son compatriote.
Julien Bouissou (Le Monde, New Delhi) et Baptiste Erpicum (La Libre Belgique, Bruxelles)