L’Autorité de la concurrence vient de taper sur les doigts de SFR. Les sages de la Rue de l’Echelle ont condamné, mardi 19 avril, l’opérateur télécoms à 15 millions d’euros d’amende. Ils l’accusent de ne pas avoir respecté ses engagements à la Réunion et à Mayotte, où le rachat de SFR par Numericable a considérablement modifié le visage de la concurrence.

L’Autorité de la concurrence avait demandé à Altice, maison mère de SFR, de céder Outremer Telecom, activité historique de Numericable, mais qui venait s’ajouter aux activités de SFR en Outre Mer.

A la Réunion, SRR, la filiale de SFR, détenait, avant la fusion, 58 % de parts de marché, Orange 31 % et Outremer Telecom 11 %. A la faveur du rachat de SFR par Numericable, Altice aurait détenu les deux tiers du marché.

La situation est encore pire à Mayotte, où Orange Réunion ne possédait que 2 % du marché en 2012 selon l’Arcep. SRR est numéro un avec 57 % du marché, devant Outremer Telecom (41 %) du marché.

Hausses de tarif, triplement des résiliations

Avant cette cession, l’Autorité avait exigé qu’Altice et Numericable s’engagent à préserver « la viabilité économique et la compétitivité des activités » d’Outremer Telecom, sans « s’immiscer dans la gestion de l’activité à céder ». Le groupe de Patrick Drahi avait souscrit à ces engagements en octobre 2014.

Un an et demi plus tard, l’Autorité estime que ces engagements n’ont pas été respectés. Elle note que les clients d’Outremer Telecom ont été fortement pénalisés, ce qui a pour effet mécanique de faire porter un risque sur la valeur de l’entreprise.

Ainsi, en 2015, « les forfaits, pour certains parmi les plus vendus, ont connu des hausses importantes (entre + 17 % et + 60 %) », note l’Autorité. Ces hausses de tarif ont donc entraîné un triplement des résiliations en janvier 2015, « par rapport à la moyenne de 2014 », et ce alors que les concurrents locaux, Orange et SRR (filiale de SFR), venaient de revoir leurs prix à la baisse.

De son côté, SFR « conteste l’analyse de l’Autorité de la concurrence et rappelle que les hausses tarifaires n’ont altéré ni la compétitivité, ni la viabilité de l’activité cédée ». L’opérateur n’exclut donc pas « d’exercer un recours contre cette décision ».