Avec la découverte de déchets dangereux dans la Somme, c’est une histoire morbide qui se dessine. Le fils du gérant d’une TPE de douze personnes s’est donné la mort jeudi 21 avril, mettant son geste en relation avec la procédure judiciaire ouverte par le parquet dans le cadre de cette affaire. Récemment, 6 tonnes de produits contenant notamment des composés cyanurés « hautement toxiques » ont été découverts lors d’une perquisition lundi dans une petite entreprise à Feuquières-en-Vimeu, près d’Abbeville, dans la Somme.

Cette TPE est soupçonnée d’être responsable d’une pollution des sols, a annoncé vendredi 22 avril la préfecture. De même source, on affirme que « pour l’instant, il n’y a pas d’inquiétude à avoir pour la population ».

De multiples épisodes de pollution

La société, dénommée Eclachrome, qui fabrique des revêtements de pièces métalliques dans une zone d’activités en bordure de la commune, « faisait l’objet de contrôles de la Dreal (direction régionale de l’environnement) depuis 2011 », selon un communiqué préfectoral.

Après le « constat de multiples épisodes de pollution des eaux au sein du réseau communal des eaux usées », la communauté de communes avait déposé « plusieurs plaintes successives », conduisant le parquet à ouvrir une enquête en octobre 2015 pour « rechercher la source de ces pollutions », a indiqué la préfecture. 

« C’est à ce titre, et sous l’autorité du procureur que les gendarmes, assistés de techniciens de la Dréal, ont procédé à une perquisition de cette entreprise le 18 avril », précise le communiqué.

De l’arsenic et du soufre

« Les premiers prélèvements ont mis en évidence une pollution des sols par la présence d’arsenic et de soufre. La perquisition opérée au domicile de François Vasseur, le fils du gérant », qui s’est ensuite suicidé, « a permis de découvrir, dissimulés sous la terrasse, 170 bidons représentant six tonnes de déchets dangereux contenant notamment des composés cyanurés », informe la préfecture.

Le préfet « a aussitôt mis en place les mesures administratives propres à garantir en urgence la santé tant des habitants que des employés face à cette pollution par des produits hautement toxiques, avec des conséquences irréversibles sur la santé humaine ».

Selon la préfecture, le principal risque concerne les ouvriers travaillant sur le site, et la direction régionale du travail a été saisie à ce sujet. « A priori, il n’y a pas de souci s’il n’y a pas eu de contact direct » entre des personnes et les produits dangereux. De « très nombreux prélèvements » ont été faits dans les environs pour établir si de tels produits se sont répandus hors du site, a ajouté la préfecture.

« J’étouffe »

Juste avant de mettre fin à ses jours, François Vasseur, qui était en fait le gérant principal d’Eclachrome selon une source proche du dossier, avait envoyé un courriel à plusieurs destinataires, dont des chefs d’entreprise. « Diriger une TPE de nos jours est devenu très difficile et infernal si l’entreprise est classée » comme maniant des produits dangereux. « Cette pression m’est insupportable. J’étouffe, y écrivait-il, dans une lettre révélée par Le Courrier picard. J’ai merdé, le coût d’exploitation ne peut plus répondre aux normes draconiennes et incompréhensibles pour une TPE comme nous. »

Le préfet de la Somme, Philippe De Mester, a exprimé sa « tristesse » devant la mort de François Vasseur. Celui-ci avait été auditionné par les enquêteurs, mais n’avait pas été placé en garde à vue pour éviter de « le déstabiliser », a-t-on précisé de source proche du dossier.