Une cousine de la Terre à deux pas de chez nous
Une cousine de la Terre à deux pas de chez nous
Par David Larousserie
Une exoplanète au cœur solide comme celui de la Terre pourrait être entourée d’une atmosphère.
Les huit télescopes du système MEarth-South telescope array, installés au Chili. | Credit: Jonathan Irwin
« Cela s’annonce comme un blockbuster pour la communauté de l’astronomie », s’enthousiasme Xavier Bonfils, chercheur CNRS à l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble. Il ne parle pas du prochain volet de La Guerre des étoiles, mais d’une nouvelle exoplanète, c’est-à-dire un petit corps orbitant dans notre galaxie autour d’une étoile très loin de notre Soleil. Ses caractéristiques viennent d’être dévoilées dans Nature du 12 novembre.
Son nom : GJ 1132b, en référence à l’étoile GJ 1132, visible depuis l’hémisphère Sud.
Signe particulier : ressembler à la Terre et être suffisamment proche de nous, pour espérer sonder, pour la première fois l’atmosphère d’une de nos cousines.
Plus précisément, cette planète a un rayon 1,2 fois plus grand que celui de la Terre et une masse 1,6 fois plus lourde. Son cœur est donc probablement dur, mélange de fer et de roches diverses, comme la Terre. Elle fait le tour de son étoile en un peu plus d’un jour et demi. Elle est donc proche de son Soleil, ce qui la réchauffe à des températures entre 300°C et 140°C environ. Aucun espoir d’y voir de l’eau liquide, mais c’est suffisamment froid pour qu’une atmosphère soit encore présente.
D’autant plus qu’elle n’est qu’à moins de quarante années-lumière de nous, soit quand même trois fois plus près que la plus proche des planètes semblables avant cette trouvaille.
Vapeur d’eau
Représentation de l'étoile GJ 1132 (en rouge) et d'une planète gravitant autour (en noir, à l'échelle) | Crédit:Zach Berta-Thompson
C’est ce qui en fera une cible de choix pour de futures observations, car pour l’instant, seules des atmosphères de planètes géantes, analogues à notre Jupiter ou Uranus (la majorité des près de 2 000 exoplanètes recensées jusqu’à présent) ont été sondées. Le télescope spatial Hubble devrait permettre d’identifier les gaz présents autour de ce corps plus brillant que ceux de sa catégorie jusqu’alors. Peut-être y trouvera-t-on de la vapeur d’eau ou de l’oxygène. « Dans ce cas, nous pensons que cela ne pourrait pas être attribué à une présence de vie, mais plutôt à la destruction des molécules d’eau par le rayonnement de l’étoile », estime Xavier Bonfils. Cette dernière reçoit dix-neuf fois plus de radiations que la Terre mais 200 fois moins que Kepler-78b, une autre cousine de la Terre.
GJ 1132b a été repérée grâce à deux techniques et deux télescopes différents. Les huit instruments du réseau américain MEarth – South telescope au Chili ont observé les passages de la planète entre nous et son étoile (méthode des transits). Le télescope européen Harps, également au Chili, a lui mesuré les variations de la vitesse de l’étoile liées à la rotation de la planète (méthode des vitesses radiales). « Nous allons continuer d’étudier cette étoile pour vérifier s’il n’y a pas d’autres planètes orbitant avec elle », indique Xavier Bonfils. Les systèmes multiplanétaires sont en effet courants dans la galaxie. Le MEarth – South telescope tentera aussi de repérer d’autres planètes aussi brillantes et solides. Et à partir de 2018, le futur télescope spatial James Webb de la Nasa devrait succéder à Hubble (avec en plus une vision infrarouge plus perçante) pour poursuivre l’analyse des atmosphères qui ne manqueront pas d’être découvertes d’ici là.