Série documentaire sur Arte à 11 h 30

La station-service de Skovshoved, au nord de Copenhague, au Danemark, conçue en 1936 par Arne Jacobsen. | © ZDF/Konrad Waldmann

Une série « road-movie » qui rend hommage à l’édifice architectural le mieux ignoré du siècle de l’automobile

Friedrich Liechtenstein en est convaincu : « les stations-service sont les derniers lieux romantiques de notre époque ». Au volant d’une Mercedes des années 1970, le musicien berlinois, costume blanc et ongles dorés, parcourt l’Europe pour Arte en quête des plus singuliers spécimens du genre : en Slovaquie, au Danemark, en Autriche, en France, au Luxembourg ou en Italie. Tout au long du 16 mai, les dix épisodes de la série documentaire « Stations-service Superstars » composent un hommage à l’édifice architectural le mieux ignoré du siècle de l’automobile. Également programmés, une série consacrée à la célèbre Route 66 aux États-Unis et quatre films : Le Chemin du paradis (1930), Le Facteur sonne toujours deux fois (1981), Bagdad Café (1987) et Shell (2012).

SHELL (film 2013) official UK trailer
Durée : 01:29

Pour l’anthropologue français Marc Augé, la station-service entre dans la catégorie des « non-lieux ». Dans cet espace d’anonymat, soumis aux impératifs de la circulation des personnes et des biens, on se croise sans se rencontrer. Un constat de solitude manifeste dans les grandes aires autoroutières que magnifie la nuit, lorsque brille l’enseigne pétrolière tel un signal refuge.

« La route est un espace de liberté qui échappe au contrôle d’institutions comme celle des monuments historiques »

Les stations-service ont été pourtant une aubaine pour la création architecturale. « La route est un espace de liberté qui échappe au contrôle d’institutions comme celle des monuments historiques », souligne Arnaud Sompairac, auteur d’un livre référence (Stations-service, édition Centre Georges Pompidou, 1993) que Friedrich Liechtenstein rencontre à Paris, à la mini-station du Relais Pigalle 2.

Les plus grands architectes et designers se sont frottés à l’exercice. Robert Mallet-Stevens, dès 1927, Arne Jacobsen, quelques années plus tard, voire Frank Lloyd Wright, ou même, Mies van der Rohe, à la fin des années 1960, sur l’île des Sœurs à Montréal. La palme de l’élégance et de la légèreté revenant au ferrailleur de génie, Jean Prouvé.

À Milan, un musée s’y consacre où notre facétieux troubadour allemand a rencontré le maître des lieux. Guido Fisogni n’est pas peu fier des 6 000 objets de sa collection, la plus importante au monde, affirme-t-il. Parmi ceux-là, la pompe que Benito Mussolini, en période de pénurie, avait fait installer dans son palais romain. Ironie de l’histoire, en 1945, sur la Piazzale Loreto à Milan, son cadavre et celui de sa maîtresse Claretta Petacci ont été exposés, pendus par les pieds aux poutrelles d’une station-service.

Stations-service Superstars, de Marco Wilms, Jeremy J.P. Fekete et Tuan Lam (All., 2016, 10x30 min).