Philippines : Duterte, favori pour l’élection présidentielle, inquiète les défenseurs des droits de l’homme
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Les bureaux de vote ont ouvert lundi 9 mai aux Philippines où les 54 millions d’électeurs inscrits sont appelés à renouveler leur président, leur vice-président, 300 parlementaires et quelque 1 800 élus locaux.

Cinq candidats briguent la succession de Benigno Aquino, qui ne pouvait solliciter un nouveau mandat présidentiel. Rodrigo Duterte, maire de Davao (plus grande ville de Mindanao, deuxième île de l’archipel,) réputé pour ses méthodes musclées contre le crime, est crédité de 33 % des intentions de vote, avec une solide avance de onze points sur sa principale rivale, la sénatrice Grace Poe, un temps considérée comme la mieux placée.

Le président philippin sortant a appelé vendredi les candidats à sa succession à s’unir pour faire barrage au favori. M. Duterte pourrait l’emporter grâce à un système électoral accordant la victoire à la personnalité arrivant en tête, même sans majorité absolue. Dans les derniers jours de la campagne, un front anti-Duterte a pris forme. Les promesses de répression de la criminalité ont alerté ses rivaux qui redoutent des dérapages s’il est élu.

Un candidat comparé à Donald Trump

Des électeurs philippins devant un bureau de vote à Manille, le 9 mai. | MOHD RASFAN / AFP

Elu à sept reprises maire de Davao depuis 1988, M. Duterte est parti en guerre contre la criminalité et contre la drogue. Il dit vouloir éradiquer la criminalité au niveau national en six mois. Il a également promis de tuer des dizaines de milliers de criminels, puis de s’octroyer une grâce pour ces meurtres de masse.

Grâce à cette stratégie, Rodrigo Duterte est devenu contre toute attente le favori de la présidentielle et des analystes le comparent à Donald Trump, candidat républicain probable à la Maison Blanche, pour avoir bouleversé les codes de la politique conventionnelle. Par delà sa vulgarité, il a su habilement se dépeindre comme un candidat anti-establishment, partisan de solutions expéditives à des problèmes anciens comme la criminalité ou la pauvreté.

Plus d’un millier d’homicides suspects ont été recensés depuis 1998 dans sa ville de Davao par des organisations de défense des droits de l’homme qui soupçonnent des « commandos de la mort » d’opérer en toute impunité dans la ville sous la tutelle du maire.

Depuis 2010, les Philippines ont connu en moyenne une croissance économique annuelle de 6 %, mais un quart des 100 millions d’habitants vit toujours en dessous du seuil de pauvreté, une proportion inchangée en six ans.