Dans une crèche à Lovagny (Haute-Savoie), en 2012. | PHILIPPE DESMAZES / AFP

Prendre acte des dernières recherches sur la petite enfance et changer en conséquence les modes d’accueil des enfants en crèche ou chez une assistante maternelle : tel est l’objectif du rapport de la psychologue Sylviane Giampino. Commandé par Laurence Rossignol, ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, et présenté lundi 9 mai, ce texte structuré autour de 108 préconisations est le fruit des travaux de 120 acteurs (professionnels, représentants de familles…) qui ont été consultés entre septembre 2015 et mars 2016.

La question du développement chez les jeunes enfants est au centre du rapport. Sylviane Giampino rappelle que « les sphères du développement du petit enfant, physique, cognitif, affectif, social et émotionnel sont inséparables ». « Le développement du jeune enfant procède non pas de façon linéaire, par paliers, mais par vagues », poursuit-elle.

Tradition hygiéniste

Ces nouveaux enseignements, résultats des recherches menées ces dernières années, obligent à repenser le rôle des structures d’accueil. Dans l’après-guerre, l’accent était mis sur les soins et l’hygiène, les risques de maladies étant plus élevés. Le système actuel a hérité de cette tradition hygiéniste. Les établissements doivent respecter de nombreuses normes de sécurité et répondre aux demandes de parents toujours plus anxieux. Résultat, les personnels de la petite enfance délaissent parfois l’éveil au profit des soins. La mission dirigée par Sylviane Giampino préconise d’alléger la réglementation en matière de sécurité.

Ce changement d’état d’esprit montre à quel point la prise en charge des 0-3 ans est en train d’évoluer. La publication d’un document cadre pour « garantir que, quels que soient les acteurs et les systèmes, tous les enfants puissent bénéficier d’une égale qualité de leur mode d’accueil » sera une première étape. C’est le Haut conseil de l’enfance, des familles et des âges de la vie qui se chargera de le rédiger, a indiqué la ministre.

Décloisonnement des professions

Le rapport plaide aussi pour un décloisonnement des professions, « sans gommer les spécificités, afin de contribuer, ensemble, au bon développement de l’enfant ». Cette ouverture passerait par l’instauration d’une base commune de connaissances et de pratiques. La création d’une plateforme regroupant les différentes branches professionnelles irait dans ce sens. Toujours dans la même optique, une journée nationale de l’accueil de la petite enfance verrait le jour. « Les professionnels pourraient ainsi échanger sur leurs pratiques », précise-t-on au ministère.

Mais réformer en profondeur nécessite de faire évoluer la formation du personnel. « On constate sur le terrain une perte de transmission des connaissances relatives aux fondamentaux du développement du jeune enfant depuis une quinzaine d’années », s’inquiète Mme Giampino. Si le métier d’auxiliaire de puériculture reste indispensable, il doit néanmoins se transformer.

Les questions de l’éveil et de la socialisation pourraient être davantage abordées lors de la formation, selon le rapport. D’ailleurs, pour faire face au manque de personnel, une ouverture des filières formant les auxiliaires est envisagée. Le CAP petite enfance est, lui, en train de faire peau neuve pour la rentrée de septembre. La formation continue est également l’une des pistes évoquée, notamment pour accroître la professionnalisation des assistantes maternelles.

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Alban de Montigny