Nicolas Sarkozy : « Le débat sur le Brexit est une opportunité pour refonder l’Europe »
Nicolas Sarkozy : « Le débat sur le Brexit est une opportunité pour refonder l’Europe »
Propos recueillis par Thomas Wieder, Arnaud Leparmentier, Alexandre Lemarié
Dans un entretien au « Monde », le président des Républicains appelle à « refonder profondément le projet européen » au moyen d’un nouveau traité dès 2017. Il déplore également « l’effacement de M. Hollande ».
Le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, dans son bureau à Paris le 16 mai. | JEROME SESSINI /MAGNUM PHOTOS POUR LE MONDE
Il faut « refonder profondément le projet européen ». Dans un entretien au Monde, Nicolas Sarkozy regrette « l’absence complète de leadership en Europe », ajoutant qu’il « déplore », sur ce point, « l’effacement de M. Hollande ». Critiquant l’accord avec la Turquie sur les migrants dans la mesure où l’Europe ne peut pas « faire confiance au pouvoir turc, qui évolue de plus en plus vers un régime autoritaire », le président du parti Les Républicains (LR) prend en revanche la défense de la Hongrie et de la Pologne, assurant « qu’après 50 ans de joug communiste, ces pays sont des démocraties qui fonctionnent ».
Interrogé sur la possible victoire de l’extrême droite autrichienne à l’élection présidentielle du 22 mai, M. Sarkozy estime que l’Autriche « paie l’échec des grandes coalitions qu’aiment tant les élites ». « Quand il n’y a plus ni gauche, ni droite, quand il n’y a plus de débat, vous laissez un espace immense aux extrêmes », affirme l’ancien président de la République, pour qui « ce qui se passe en Autriche pourrait arriver en France ».
« Totalement opposé à la sortie du Royaume-Uni de l’Europe », et considérant que le pire qui pourrait arriver serait « le “Brexit” et l’adhésion de la Turquie », scénario qu’il qualifie de « grand chelem de l’erreur », M. Sarkozy appelle de ses voeux un nouveau traité européen « dont la France doit être à l’initiative dès 2017 ». « Je propose que soit créé un euro-Schengen c’est-à-dire un gouvernement de Schengen composé des ministres de l’intérieur des pays membres, avec un président stable, qui aurait autorité sur Frontex », précise l’ancien chef de l’Etat, pour qui « tout nouvel entrant dans l’Union européenne ne pourra pas toucher une allocation sociale avant un délai de cinq ans ».
« Le sentiment justifié d’avoir été trompés »
A la différence de Bruno Le Maire, candidat à la primaire de la droite et du centre en vue de la présidentielle de 2017, M. Sarkozy est en revanche hostile à l’organisation d’un référendum sur la question européenne :
« Je ne crois pas que le référendum soit la meilleure façon de répondre à des questions si complexes portant sur la refondation de l’Europe, qui sont de la compétence de la représentation parlementaire. »
Interrogé sur l’annulation du concert de Black M prévu le 29 mai pour la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun, M. Sarkozy estime que « ce n’était à l’évidence pas une bonne idée » d’inviter un chanteur « qui a insulté dans ses textes la France et a tenu des propos homophobes et antisémites ».
Au sujet de la mobilisation qui se poursuit cette semaine contre le projet de loi travail, M. Sarkozy pointe enfin « le mensonge originel de 2012 », autrement dit le fait que M. Hollande n’ait pas annoncé à l’époque « qu’il modifierait le code du travail ». Pour l’ancien chef de l’Etat, « tout le problème est là : dans le sentiment justifié qu’ont tant d’électeurs d’avoir été trompés ».