Une incontournable surenchère libérale ?
Une incontournable surenchère libérale ?
De la critique des politiques sociales à l’éloge de l’ouverture du marché, le libéralisme a le vent en poupe à un an de l’élection présidentielle, au grand dam des tenants du modèle français.
« Droite ou gauche, ou rien de tout cela, après tout, peu importe, dès lors que l’on mettra un terme au socialisme contemporain qui, bien trop, alimenta jusqu’à l’échec ces deux camps », selon Mathieu Laine (Photo: manifestation à Strasbourg contre la loi travaille 28 avril). | FREDERICK FLORIN / AFP
De la critique des politiques sociales à l’éloge de l’ouverture du marché, le libéralisme a le vent en poupe à un an de l’élection présidentielle, au grand dam des tenants du modèle français. Tant auprès de la droite, représentée par François Fillon, Bruno Le Maire ou Alain Juppé, qu’à gauche, avec Emmanuel Macron. Avec le risque que le Front national ne tire parti de la situation, en particulier auprès des jeunes.
Pour Mathieu Laine, président de la société de conseil en stratégie Altermind et enseignant à Sciences Po, partisan d’un « libéralisme heureux », « Droite ou gauche, ou rien de tout cela, après tout, peu importe, dès lors que l’on mettra un terme au socialisme contemporain qui, bien trop, alimenta jusqu’à l’échec ces deux camps, et que l’on défendra, en toute hypothèse et sans que la main ne tremble, la puissance et le primat de la liberté ».
Mathieu Laine distingue libéralisme économique et libéralisme en tout : « Liberté du marché, liberté concurrentielle et grands sujets de société comme le port de la burqa, la gestation pour autrui ou le contrôle de la liberté d’expression ne peuvent être traités, dans un pays aussi malade que le nôtre, sur le même plan, au même rang de priorité ».
Pour l’historienne Axelle Brodiez-Dolino au contraire, contre l’individualisme, il faut réinventer la solidarité.
« L’histoire nous rappelle combien, sinon depuis la Ire République, du moins depuis la IIIe, la solidarité est l’un des fondements du pacte républicain, reposant sur l’idée de dette de la société envers les plus démunis (au plan social et/ou de la santé) – et non l’inverse, comme on tend aujourd’hui à le faire accroire ». Elle appelle à s’appuyer sur « les associations de solidarité [qui] forgent, comme le disait déjà dans les années 1950 le fondateur du Secours catholique, la politique de demain ».
À lire sur le sujet :
– L’enthousiasmant « retour en force du libéralisme dans les programmes présidentiels », par Mathieu Laine, président de la société de conseil en stratégie Altermind et enseignant à Sciences Po. De François Fillon à Emmanuel Macron, d’Alain Juppé à Bruno Le Maire, les idées libérales s’imposent. Un regain salutaire pour une France engluée dans l’étatisme et le socialisme.
– « Il reste à réenchanter politiquement la solidarité », par Axelle Brodiez-Dolino, historienne, chargée de recherche au Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, UMR 5190 (CNRS-LARHRA) et directrice adjointe de la revue « Le Mouvement social »
Attaquée par la droite qui la réduit brutalement à « l’assistanat », la solidarité peut au contraire être un antidote aux dérives de l’économie mondialisée
A lire aussi :
– Une nouvelle vision de l’Europe à droite ? Alors que la crise des réfugiés et le débat sur le « Brexit » font vaciller l’Union européenne, deux candidats Les Républicains à la primaire à droite pour l’élection présidentielle de 2017, Alain Juppé et Bruno Le Maire, proposent de changer de cap.