A Hongkong, le changement de nom de Pikachu réveille des tensions politiques
A Hongkong, le changement de nom de Pikachu réveille des tensions politiques
La décision de Nintendo de remplacer le nom cantonais du Pokémon par son nom mandarin est perçue comme un mépris de la spécificité hongkongaise.
Le changement de nom de 100 Pokémon réveille les conflits linguistiques entre Pékin et Hongkong. | Capture d'écran
On ne plaisante pas avec les Pokémon. Depuis mars, plus de 6 000 Hongkongais ont signé une pétition pour contraindre Nintendo à revenir au nom cantonais de Pikachu, et ne pas utiliser son nom mandarin, et une manifestation en ce sens a eu lieu lundi 30 mai à Hongkong, rapporte la BBC.
A Hongkong, la célèbre créature jaune de Nintendo porte le nom de « Bei-Ka-Ciu », alors qu’il est appelé « Pi-Ka-Qiu » en Chine continentale. Mais la firme japonaise a annoncé en début d’année l’harmonisation de 100 noms de Pokémon. A chaque fois, en imposant la graphie en mandarin, même dans les territoires où c’est le cantonais qui prédomine, et qu’un même idéogramme peut avoir une prononciation différente. Dans un communiqué en anglais publié mercredi 1er juin, la page Facebook du mouvement explique que « ce serait comme changer “Pikachu” en “Pikayau” en anglais ». Et ajoute : « Qui aurait envie de jouer à quelque chose qu’il ne reconnaît pas du tout ? »
Pokémon n’est qu’un cas d’un phénomène plus large d’harmonisation des graphies à partir du modèle mandarin, dans une république où le cantonais est considéré par Pékin comme un dialecte régional et non comme une langue à part entière. « Ces dernières années, les gens ont le sentiment que ce qui fait la spécificité de Hongkong disparaît petit à petit et ce qui est un problème assez trivial concernant Pokémon, devient un vrai problème, parce que la question est très sensible », explique à la BBC Stephen Matthews, professeur de sciences humaines à l’université de Hongkong. « Bien que le chinois soit la langue officielle à Hongkong, Taïwan et en Chine, des différences régionales significatives existent, et nous sommes inquiets du fait qu’elles puissent être prises de haut », explique la page Facebook du mouvement dans une lettre adressée aux dirigeants de Nintendo et de la Pokémon Company.
Lorsque la cité hongkongaise a été rétrocédée à la Chine le 1er juillet 1997, le tout premier Pokémon était déjà sorti depuis plusieurs mois au Japon. « Pikachu est à Hongkong depuis plus de vingt ans, a expliqué à la BBC Sing Leung, un des manifestants. Ce n’est pas seulement un jeu ou une bande dessinée, c’est la mémoire collective d’une génération. »