A la conférence de Paris, fragiles espoirs de relance du processus de paix israélo-palestinien
A la conférence de Paris, fragiles espoirs de relance du processus de paix israélo-palestinien
Par Marc Semo
L’initiative de la France vise à défricher le terrain d’une reprise diplomatique dans la région, avant d’inviter Israël et Palestine à la table des négociations.
François Hollande et les participants à l’initiative de la France pour la paix au Proche-Orient, le 3 juin 2016 à Paris. | KAMIL ZIHNIOGLU / AFP
La photo de famille à l’ouverture des travaux réunissait côte à côte, autour de François Hollande, aussi bien Ban ki-Moon, le secrétaire général des Nations unies, que le secrétaire d’Etat américain John Kerry, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et nombre de ministres des affaires étrangères. Mais le plus difficile commence maintenant : concrétiser, dans une conférence internationale impliquant cette fois les deux parties, les grands principes d’un règlement du conflit israélo-palestinien réaffirmés à Paris le 3 juin. « C’est un message et il nous oblige », a souligné le ministre français des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, en conclusion de la réunion de 29 pays et organisations internationales censée relancer un processus au point mort.
Le communiqué final, plus petit dénominateur commun entre les participants, rappelle notamment que « la solution à deux Etats est la seule voie pour arriver à une paix durable, avec Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité ». Mais il ne fixe aucun calendrier alors même que, du propre aveu de M. Ayrault, « il faut agir d’urgence pour préserver la solution des deux Etats et la ranimer avant qu’il soit trop tard ». Il évoquait aussi bien la « colonisation » que le fossé qui se creuse de plus en plus « dans les cœurs et dans les esprits ».
Le chef de la diplomatie française a néanmoins promis qu’« qu’avant la fin du mois » serait lancé un travail « sur les incitations en matière économique, en matière de coopération et de sécurité régionale » dans le but d’aboutir à « un paquet global d’incitations à présenter aux Israéliens et aux Palestiniens » lors de la conférence internationale prévue à l’automne.
Toute la question est de savoir comment aller au-delà des bonnes intentions. Cette première étape a certes été un incontestable succès, alors même que beaucoup étaient sceptiques. L’envoyé spécial du ministre Pierre Vimont, diplomate expérimenté qui fut ambassadeur à Washington et numéro deux de la diplomatie européenne, a réussi à mobiliser peu prou tous les pays impliqués dans le dossier et susceptibles d’être écoutés des deux parties.
L’objectif était de remettre à l’agenda de la communauté internationale le conflit israélo-palestinien passé au second plan dans le chaos général du Moyen-Orient. Il a été atteint justement parce que les deux parties, pour cette première étape, n’avaient pas été invitées. Il s’agit de créer un cadre favorable à la reprise de négociations directes. Mais ce processus n’aurait aucun sens s’ils ne devaient pas être impliqués. « Nous ne pouvons pas nous substituer aux parties prenantes. Notre initiative vise à leur donner les garanties que la paix sera solide, durable et contrôlée internationalement », avait affirmé François Hollande en soulignant que « le choix courageux de la paix » revenait en premier lieu aux Israéliens et aux Palestiniens. Et rien ne dit que l’élan donné à Paris pourra avoir des résultats.