Accusé d’avoir plagié « Stairway to Heaven », Led Zeppelin devant la justice américaine
Accusé d’avoir plagié « Stairway to Heaven », Led Zeppelin devant la justice américaine
Le Monde.fr avec AFP
Les Britanniques sont soupçonnés d’avoir copié le morceau instrumental « Taurus » de Spirit, pour composer la mélodie de guitare qui ouvre son tube légendaire.
Le chanteur du groupe britannique Led Zeppelin, Robert Plant (à gauche) et le guitariste Jimmy Page lors de l’ouverture du procès pour plagiat concernant la chanson « Stairway to Heaven », le 14 juin à Los Angeles, Californie. | HANDOUT / REUTERS
C’est une des chansons les plus célèbres de l’histoire du rock. Stairway to Heaven, présentée comme une composition du groupe Led Zeppelin, n’est-elle en réalité qu’un plagiat ? Jimmy Page et Robert Plant, respectivement guitariste et chanteur du groupe britannique, étaient présents, mardi 14 juin, à Los Angeles à l’ouverture du procès chargé de statuer sur cette question.
Selon leur avocat, Me Peter Anderson, la ballade mondialement connue ne doit rien à Taurus de la formation psychédélique californienne Spirit. Selon les membres du groupe, Led Zepplin a volé son morceau instrumental pour composer la mélodie de guitare qui ouvre son tube légendaire. Taurus est sorti en 1968, soit trois ans avant Stairway to Heaven, enregistré fin 1970 début 1971 à Londres.
Taurus- Spirit
Durée : 02:38
Le guitariste de Spirit Randy Wolfe – Randy California de son nom de scène –, n’a jamais engagé de poursuites avant sa mort en 1997, mais une plainte a été déposée par Michael Skidmore, qui gère son patrimoine. Lui aussi était présent, mardi, au tribunal. « Cette affaire peut être résumée [en ces] mots : attribuez une création à qui de droit », a insisté son avocat, Me Francis Malofiy.
Il a recommandé au jury, composé de quatre hommes et de quatres femmes de considérer ce procès, qui devrait durer près de cinq jours, « presque comme un test de goût ». Les deux compositions ont-elles la même saveur ?
Led Zeppelin - Stairway to Heaven Live (HD)
Durée : 10:52
Première partie de Spirit en 1968
La défense a affirmé que les membres de Led Zepplin n’avaient jamais entendu Taurus, avant le dépôt de la plainte. Un argument réfuté par l’accusation : les Britanniques ont joué en ouverture de Spirit lors de sa première prestation aux Etats-Unis, en 1968, à Denver dans le Colorado.
Autre élément, admis par Me Anderson, Jimmy Page a reconnu posséder l’album de la formation californienne sur lequel se trouvait le morceau en question. Il n’y a « aucune preuve que, parce qu’il l’a en sa possession maintenant, il l’avait il y a 45 ans », a-t-il cependant argué.
« Si vous écoutez les deux chansons, vous pouvez vous faire votre propre jugement. C’est un véritable... Je dirais que c’était du vol », avait fait valoir Randy California dans un magazine juste avant sa mort. Ses affirmations sont présentées dans la plainte. Après deux années de procédure judiciaire, le juge fédéral Gary Klausner n’a pas décidé que la chanson avait été plagiée, mais a estimé qu’il y avait assez de matière pour un procès.
Seize autres chansons citées
Robert Plant, Jimmy Page et le pianiste John Paul Jones – le quatrième membre du groupe, le batteur John Bonham, est mort en 1980 – ont soumis au tribunal une déclaration dans laquelle ils affirment ne jamais avoir eu d’interaction substantielle avec Spirit ou avoir écouté la musique du groupe.
Ils affirment que l’ouverture de Stairway to Heaven est utilisée en musique depuis des siècles et que la plainte omet le reste de la chanson, qui dure près de huit minutes. Le juge Klausner a contesté cet argument, affirmant que les deux chansons présentent d’autres similitudes, y compris la ligne de basse.
Michael Skidmore n’a pas chiffré sa demande de dommages et intérêts. Les spéculations dans la presse musicale vont d’un dollar symbolique assorti d’un crédit reconnaissant la contribution musicale à l’écriture de la ballade mythique, à 40 millions de dollars.
La plainte affirme par ailleurs que Led Zeppelin a un long passif quant à l’utilisations « des compositions d’artistes de blues et d’autres auteurs sans jamais les créditer ». A l’appui, elle cite 16 autres chansons qui ont fait l’objet de litiges, beaucoup ayant donné lieu à des accords amiables comprenant un crédit d’écriture et une compensation financière. Les tubes Whole Lotta Love et Babe I’m Gonna Leave You en font partie.