Algorithme APB : « La réponse du gouvernement n’est pas suffisante »
Algorithme APB : « La réponse du gouvernement n’est pas suffisante »
Par Agathe Charnet
Pour l’association Droit des lycéens, qui réclamait plus de transparence, le document dévoilé mercredi par le gouvernement est « incomplet » et trop tardif pour que les élèves puissent reclasser leurs vœux d’orientation.
L’association Droit des lycéens prépare un guide des recours, qui paraîtra le 8 juin, jour des résultats d’APB. | AFP/JEAN-FRANCOIS MONIER
Le ministère de l’éducation nationale a rendu public, mercredi 1er juin, un document et une infographie précisant le fonctionnement de l’algorithme d’Admission post-bac (APB), la plate-forme qui permet aux lycéens d’effectuer leurs vœux d’orientation dans le supérieur. Une publication jugée « incomplète » par l’association Droits des lycéens, qui œuvrait depuis plusieurs mois, avec l’aide d’un avocat, pour que soit publiée l’intégralité de l’algorithme. Le président et le vice-président de l’association, Clément Baillon et Augustin Ruggieri, eux-mêmes élèves de terminale en région parisienne, ne comptent pas en rester là. Entretien.
Que pensez-vous du document sur APB mis en ligne mercredi 1er juin par le ministère de l’éducation nationale ?
Droit des lycéens : C’est gentil de leur part, mais ce n’est absolument pas suffisant. L’algorithme n’a pas été donné : le document en notre possession n’est qu’un tableau récapitulatif du fonctionnement du processus de sélection concernant les filières dites en tension (les licences de Staps, médecine dite Paces, droit, psychologie, quand les capacités d’accueil sont limitées). Le code source de l’algorithme APB, que nous demandons depuis plus de deux mois, demeure inconnu et le système de sélection n’est pas transparent pour les lycéens.
Le problème est aussi que ces données ont été communiquées beaucoup trop tard. Certains élèves auraient pu complètement changer leur stratégie de classement des vœux s’ils avaient eu accès plus tôt à ce document. Un de nos amis a par exemple demandé un lycée hors de son académie, mais proche de son domicile, dans une filière en tension. Si on en croit le document du ministère, il n’a presque aucune chance d’obtenir ce premier vœu, puisque l’académie est un critère déterminant !
Que demandez-vous alors au ministère ? N’avez-vous pas peur d’entretenir un « fantasme » autour de la procédure APB ?
Nous voulons le code source de l’algorithme. Tous les lycéens en ont besoin pour classer leurs vœux de façon optimale. Concernant le « fantasme » autour d’APB, le ministère contribue à le créer en ne répondant pas positivement à nos demandes répétées. Il y a des rumeurs qui courent sur le fonctionnement d’APB parmi les médias et les lycéens, ce qui attise les inquiétudes puisqu’on ne peut pas totalement les vérifier.
De plus, la présélection par APB est pour nous illégale puisque l’article L612-3 du code de l’éducation précise que « tout candidat est libre de s’inscrire dans l’établissement de son choix ». C’est un droit, d’étudier dans la filière que l’on souhaite à l’université. Or APB opère une présélection pour l’accès aux filières en tension, présélection dont les critères demeurent toujours flous selon nous. Nous voulons que cette procédure respecte la loi, au lieu d’une libre interprétation effectuée par l’administration, sans cadre légal.
Quelles suites Droit des lycéens souhaite donner à son action ?
Nous allons publier le 8 juin, jour des résultats d’APB, un guide des recours que nous rédigerons avec l’aide de notre avocat. Dans ce guide, nous écrirons toutes les informations nécessaires aux lycéens refusés dans une filière en tension, afin de refaire une demande d’inscription à l’université auprès du recteur, en faisant un recours pour excès de pouvoir auprès du tribunal administratif. Tout refus d’inscription doit être motivé en droit et certains lycéens ont déjà gagné ces recours par le passé.
Nous savons que tous les lycéens n’ont pas le capital culturel ou financier pour faire ces recours, ou même pour avoir accès à cette information. Notre objectif est donc de diffuser cette information auprès du plus grand nombre.