Lors de la convention annuelle de la NRA, à Louisville dans le Kentucky, le 21 mai. | JOHN SOMMERS II / REUTERS

Le Sénat américain, à majorité républicaine, a rejeté lundi 20 juin sans surprise un durcissement des lois sur les armes à feu proposé par les démocrates après la mort de 49 personnes à Orlando dans la pire fusillade de l’histoire récente des Etats-Unis.

En pleine campagne électorale, à un mois des conventions d’investiture présidentielle, il semblait improbable que les parlementaires s’accordent subitement sur l’un des sujets les plus brûlants de la politique américaine, dans l’impasse depuis des années.

Désireux toutefois de réagir après le massacre de 49 personnes dans une boîte de nuit LGBT en Floride, la majorité avait programmé des votes sur deux propositions de loi démocrates, ainsi que sur deux textes concurrents des républicains. Mais chaque groupe a voté presque unanimement contre les propositions de l’autre.

Impossible compromis entre démocrates et républicains ?

Les deux propositions démocrates visaient, d’une part, à interdire aux personnes figurant sur les listes de surveillance terroriste d’acheter des armes à feu, et d’autre part à généraliser les vérifications d’antécédents criminels et psychiatriques avant toute transaction.

Considérant que s’armer est un droit constitutionnel, les républicains refusent que le FBI puisse, sur simple décision administrative, empêcher un individu d’acheter une arme. Ils ont proposé une mesure qui retarderait donc la vente de 72 heures pour les suspects terroristes, le temps qu’un juge approuve l’interdiction. L’autre proposition républicaine consistait à réformer à la marge le système de vérifications d’antécédents.

Les démocrates ont jugé ces mesures trop modestes et ont réussi à les couler, car tout texte nécessite une majorité qualifiée de 60 voix sur 100.

« Le deuxième amendement [de la Constitution américaine] sur le droit de détenir des armes est un droit fondamental, et toute action législative doit prendre en compte cet état de fait », a déclaré le sénateur républicain Chuck Grassley.

« Ce soir, le Sénat a tourné le dos aux victimes d’Orlando et de San Bernardino, de Newtown et de Chicago », a pou sa part déploré le démocrate Dick Durbin. « Pourquoi ? Parce que trop de sénateurs n’ont pas les tripes de dire non à la NRA [National Rifle Association, lobby américain des armes]».

Faire du débat sur les armes un enjeu de la campagne

Pour rebondir après ce nouvel échec, une sénatrice républicaine modérée, Susan Collins, devait dévoiler prochainement un compromis, mais ses chances de réussite paraissaient tout aussi faibles.

Les démocrates ne se font pas d’illusions sur leurs chances d’adopter une réforme avant les élections présidentielle et législatives de novembre. Leur véritable objectif est de faire du débat sur les armes un enjeu de la campagne.

Le futur candidat républicain à la Maison Blanche, Donald Trump, a pris position pour interdire aux « terroristes » d’acheter des armes mais, ayant reçu le soutien de la NRA, il cherche à éviter de froisser l’organisation. « La NRA ne cherche qu’à défendre les intérêts de notre pays », a-t-il affirmé dimanche sur la chaîne CBS.