Un gendarme burkinabè devant l’hôtel Splendid de Ouagadougou, attaqué le 15 janvier 2016 par des terroristes se réclamant d’Al-Qaida au Maghreb islamique. | ISSOUF SANOGO / AFP

On savait que des complices couraient toujours. Quatre mois et demi après l’attentat qui a fait trente morts et près de 70 blessés à Ouagadougou le 15 janvier, l’enquête avance enfin. Lundi 30 mai, « six individus de nationalités étrangères » ont été interpellés dans la capitale burkinabée par les autorités, précise la gendarmerie dans un communiqué. « Selon les premiers éléments de l’enquête, [ils] auraient hébergé et facilité l’action des auteurs de l’attentat. » Le cerveau de l’attaque, lui, reste activement recherché.

Il ne s’agit pas du seul coup de filet en lien avec cet attentat revendiqué par le groupe Al-Mourabitoune, affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Le 26 mai, la police ivoirienne a arrêté Ange-François Bari Battesti dans la commune de Koumassi, au sud d’Abidjan. L’homme de 24 ans aurait convoyé les armes ayant servi à l’attaque de Grand-Bassam qui a fait 19 morts le 13 mars. Deux jours après son arrestation, Hamed Bakayoko, le ministre de l’intérieur ivoirien, avait laissé entendre que ce personnage pourrait avoir aussi joué un rôle dans l’attentat de Ouagadougou. L’homme serait passé par la capitale burkinabée quelques jours seulement avant l’attaque du 15 janvier contre le café Cappuccino et l’hôtel Splendid.

Attaques de postes de gendarmerie

Début mai, les autorités maliennes avaient quant à elles procédé à l’interpellation d’un certain Yacouba Traoré, un Malien d’une quarantaine d’années, chef du groupe Ansar Dine du Sud. Selon une source sécuritaire burkinabée, il serait en lien avec Boubacar Sawadogo, l’homme à l’origine de l’attaque en octobre 2015 du poste de gendarmerie de Samorogouan, à l’ouest du Burkina, proche de la frontière du Mali.

Un poste qui n’avait pas été attaqué par hasard par les membres du groupe de Sawadogo. « Les gendarmes enquêtaient. Ils avaient découvert que le groupe était en train de s’installer dans la brousse. Ils ont procédé à l’arrestation de celui qui logeait la majorité du groupe. C’est pour ça que la brigade a été attaquée », précise notre source.

Ces dernières semaines, les tentatives et attaques de postes se sont multipliées au Burkina Faso. Le 11 mai, quatre individus armés de kalachnikovs ont ouvert le feu près du commissariat de Loropéni, au sud-ouest, sans faire de victimes. Cinq jours plus tard, c’est au nord du pays, à Koutougou, ville située à une quarantaine de kilomètres de la frontière malienne, qu’un poste de police a été attaqué par plusieurs individus. Bilan : deux policiers blessés.

Mardi 31 mai, aux alentours de 23 heures, le poste de police frontière d’Intangom, situé à 5 km de la frontière avec le Niger et le Mali, a été attaqué par plusieurs individus qui demeurent non identifiés. « Trois agents de police ont été tués. Leurs corps vont arriver à Ouagadougou cette nuit [mercredi 1er juin]. Les assaillants ont emporté des armes et des munitions », précise le colonel Djibril Lallé, gouverneur de la région du Sahel.

Cellules dormantes

Au Burkina Faso, la situation sécuritaire demeure très tendue. Il y a quelques jours, les policiers et militaires de Ouagadougou ont renforcé la sécurité de leurs postes et casernes. « Nous sommes à peu près sûrs qu’il y a des cellules terroristes dormantes dans le pays. Il y a des gens qui étudient notre dispositif de sécurité », explique le capitaine Guy Hervé Yé, porte-parole de la gendarmerie.

Depuis les attentats du 15 janvier, plusieurs renseignements reçus par les Burkinabés auraient fait état de possibles projets d’enlèvements d’Occidentaux. Le jour des attentats de janvier, le médecin australien Arthur Eliot Kenneth a été kidnappé avec sa femme à Djibo, dans le nord. Son épouse Joséphine a été libérée depuis. AQMI, qui a revendiqué le rapt, n’a toujours pas donné de nouvelles du médecin octogénaire, semble-t-il toujours captif.