Chris Banks, supporteur de l’équipe d’Angleterre, hésite depuis le début de la campagne référendaire mais penche pour le « Brexit ». | Eric Albert / Le Monde

Il est 10 h 00 et Chris Banks entame sa première pinte de bière. Nous sommes à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, près de Paris, et le supporteur anglais est en transit vers Marseille, où son équipe entame ce samedi 11 juin au soir l’Euro 2016 contre la Russie.

Arriver jusqu’ici relève déjà de l’exploit : une grève des pilotes d’Air France avait annulé son vol la veille, et il avait passé la journée au bout du fil pour réorganiser son voyage… avant d’apprendre que la liaison aérienne initiale était finalement confirmée. Tout cela ne fait que renforcer son opinion : « Les Français, les Italiens, un peu partout en Europe, les gens ne travaillent pas beaucoup. » Il croit savoir que les usines françaises s’arrêtent à 15 h 30 et que les Italiens ne travaillent pas en août. Bref, hors des vacances, il n’y a rien de bon à tirer de l’Europe.

« Sur de bonnes bases »

M. Banks, père de cinq enfants et promoteur immobilier à Oxford, hésite pourtant fortement avant le référendum. « Si on sort de l’Union européenne, on aura beaucoup de mal à renégocier un accord commercial pour avoir accès au marché unique. A court terme, notre économie va en souffrir, c’est sûr. » Sur le long terme cependant, il a bon espoir : « Le pays finira par prospérer. Nous sommes financièrement sur de bonnes bases. »

L’immigration, le cheval de bataille des partisans du « Brexit », l’inquiète également. « Nous sommes un pays trop petit pour recevoir autant de monde. » Pourtant, son frère habite l’Italie et sa sœur réside à Chamonix, profitant dans le sens inverse de la libre-circulation au sein de l’UE. Quant à l’entreprise pour laquelle il travaille, elle a besoin de main-d’œuvre européenne : « Sur les chantiers, nous en sommes dépendants. Les Britanniques ne veulent plus de ces emplois. »

Enfin, comme beaucoup de Britanniques de son âge (il a 56 ans), la question de la souveraineté le chatouille. Pour lui, l’UE est un obscur trou noir antidémocratique, qui avance sans cesse plus loin vers l’Europe fédérale. « Je crains de voir la création des Etats-Unis d’Europe. » Entre cet instinct eurosceptique et la crainte des conséquences économiques, Chris Banks hésite. Il lui reste deux jours pour se décider.