En Belgique, les syndicats mobilisent contre la politique sociale et économique du gouvernement
En Belgique, les syndicats mobilisent contre la politique sociale et économique du gouvernement
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)
Les trois grands syndicats belges organisaient mardi une manifestation à Bruxelles. Ils paralysaient des transports régionaux et administrations publiques.
Les manifestants se rassemblent, mardi 24 mai, devant la gare du Nord à Bruxelles. | DIRK WAEM / AFP
Les trois grands syndicats belges (chrétien, socialiste et libéral) espéraient mobiliser au moins 50 000 personnes à Bruxelles, mardi 24 mai, pour une nouvelle manifestation de protestation contre la politique sociale et économique du gouvernement de coalition de Charles Michel, qui réunit, outre les partis libéraux francophone et néerlandophone, les chrétiens-démocrates et flamands (CD & V) et les nationalistes de l’Alliance néoflamande (NVA).
Les syndicats, qui paralysaient, mardi, une bonne partie des transports régionaux, des administrations publiques et certaines entreprises, ont obtenu peu de résultats après leurs précédentes actions, en 2014 et 2015.
La réforme des retraites et les mesures d’économies contestées
Ils dénoncent toujours l’augmentation de l’âge du départ à la retraite (67 ans), une réforme du système des retraites et la mise entre parenthèses du système d’indexation automatique des salaires, censé combler l’écart salarial entre la Belgique et ses principaux voisins.
Les économies dans la plupart des services publics alimentent également la colère – y compris des policiers et des magistrats. Comme le projet de « glissement fiscal » du gouvernement, visant à augmenter le pouvoir d’achat des ménages les moins aisés.
Les organisations syndicales contestent les calculs du gouvernement, selon lequel chaque travailleur devrait gagner, à terme, 100 euros de plus par mois. Selon les experts, le gain sera, au maximum, de 80 euros pour les salaires les plus faibles (1 500 euros brut par mois), un montant rogné notamment par la hausse de la TVA sur l’électricité ou le gasoil.
« Qui va garder les enfants ? »
Cette fois, c’est une mesure du ministre de l’emploi, Kris Peeters, qui est dans le viseur des manifestants. Son projet de réforme sur la flexibilité envisage des dérogations à la semaine de travail de 38 heures : les patrons confrontés à la nécessité d’augmenter la production pourraient imposer temporairement des horaires de 45 heures, suivies de périodes de travail allégées.
« Qui va garder les enfants ? » était l’un des slogans des manifestants, mobilisés mardi matin devant la gare du Nord, à Bruxelles. Les femmes et les jeunes seraient, d’après les syndicats, les principales victimes de ce projet, qui vise à instaurer l’intérim comme système fixe.
Grève générale envisagée en juin
Face aux diverses mobilisations des derniers mois, le gouvernement reste inflexible et met en avant son bilan : le rétablissement de la compétitivité, la création massive de nouvelles entreprises, le taux de chômage « le plus faible depuis vingt-cinq ans » – le nombre global de chômeurs a effectivement chuté, mais en raison de diverses mesures de restriction pour l’accès aux indemnités.
Faute de résultat, les organisations envisagent déjà une grève générale en juin, et une autre grève, couplée à une manifestation, à la rentrée. Il n’est pas certain que ces actions porteront davantage, notamment parce que les syndicats socialiste et chrétien, les plus puissants, sont désormais privés de relais politique au niveau fédéral.
Seul le parti chrétien-démocrate flamand est parfois à leur écoute, mais il a perdu la moitié de son poids électoral en quelques années, à la suite de l’échec de sa fusion avec la NVA : la rupture de cette alliance a surtout bénéficié au parti de Bart De Wever, le maire d’Anvers, adepte d’une politique libérale conservatrice au plan social.