« Goksung » : un carnaval nihiliste
« Goksung » : un carnaval nihiliste
Par Jean-François Rauger
Le troisième long-métrage du Coréen Na Hong-jin (hors compétition) s’écarte de la dimension réaliste de ses précédents films pour basculer dans le surnaturel.
Le troisième long-métrage du cinéaste coréen Na Hong-jin semble s’écarter de la voie annoncée par ses deux premiers films (The Chaser et The Murderer), soit celle du polar brutal ancré dans la réalité. Goksung (The Strangers) débute pourtant par la découverte d’une série de meurtres bizarres et atroces au cœur d’une zone rurale, crimes dont est vite soupçonné un inquiétant ermite japonais, et par la description d’un policier local particulièrement ballot chargé de l’enquête.
La dimension réaliste fait pourtant place à une succession d’évènements relevant du surnaturel pur sans que le réalisateur abandonne le style sec et emphatique à la fois – montage abrupt et ralentis homéopathiques – qui signait déjà ses œuvres précédentes.
Les personnages semblent tous frappés du syndrome de la Tourette, proférant jurons et obscénités qui ancrent comiquement le film dans une trivialité familière et, en même temps, contaminent un univers basculant dans la noirceur absolue, dénué de toute véritable explication. Un monde où chamanisme et christianisme, transe gore et violence opératique, grotesque et pathétique, inventent un carnaval nihiliste avec peu d’équivalents au cinéma.
THE STRANGERS (Goksung) [Cannes 2016] - Bande annonce VOST
Durée : 01:26
Film coréen de Na Hong-jin avec Kwak Do-won, Hwang Jun-min, Jun Nakamura (2 h 36). Sur le Web : www.metrofilms.com/films/7684/the-strangers.html