Jeux olympiques 2024 : les promesses de retombées pour la région parisienne
Jeux olympiques 2024 : les promesses de retombées pour la région parisienne
Par Adrien Pécout
Le comité de la candidature parisienne à l’organisation de l’événement a présenté mercredi une étude d’impact qui laisse entrevoir la perspective de Jeux rentables.
Là où leurs détracteurs mettent déjà en garde contre un barnum trop coûteux et élitiste, les promoteurs de la candidature de Paris à l’organisation des Jeux olympiques 2024 affirment que l’événement serait viable et profiterait à l’ensemble de la région Ile-de-France. Ces derniers peuvent désormais s’appuyer sur une étude d’impact présentée mercredi 1er juin, dans la capitale, à l’occasion du congrès annuel des maires de France.
Commandée à l’initiative du groupement d’intérêt public Paris 2024, qui mène la campagne, le document a été établi par le centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges. Il s’inscrit en complément du dossier déjà remis en février 2016 au Comité international olympique par la candidature parisienne, en concurrence avec Los Angeles, Rome, Budapest dans la course à l’attribution, en septembre 2017, de cette 33e édition des Jeux d’été.
Entre autres chiffres, cette étude ex ante prévoit trois scénarios en cas d’organisation des Jeux à Paris : « bas », « central » ou « haut », selon l’optimisme des prédictions. Dans toute la région Ile-de-France, la tenue des Jeux olympiques 2024 pourrait rapporter de 5,3 milliards à 10,7 milliards d’euros sur la période 2017-2034, d’après les calculs de l’équipe du professeur Jean-Jacques Gouguet, directeur scientifique des études économiques au CDES.
Ces pronostics laissent entrevoir la promesse de Jeux rentables. Ou du moins raisonnables, ce qui trancherait déjà avec la gabegie dénoncée lors d’Athènes 2004 ou de Sotchi 2014. Un rapport dévoilé en février 2015 estime en effet à 6 milliards d’euros le montant des dépenses totales pour l’organisation des Jeux 2024 à Paris, soit une somme presque équivalente au « scénario bas » des retombées escomptées.
Sans remettre en question « le sérieux » habituel du CDES, l’économiste Jean-Pascal Gayant, professeur à l’université du Maine et contributeur régulier du Monde, se dit malgré tout « dubitatif » quant aux chiffres avancés.
« L’étude du CDES qui évoque 1,2 milliard d’euros de retombées pour l’Euro 2016 de football paraît plausible. Mais pour les Jeux olympiques, il est difficile de dire qu’une édition des Jeux est déjà réellement rentrée dans ses frais, hormis celle de Los Angeles en 1984, financée par le secteur privé. Les Jeux de Montréal, par exemple, il a fallu les “payer” jusqu’en 2006. Trente ans plus tard. »
Financement privé
Déjà auteur d’une étude sur les retombées effectives du Mondial 2007 de rugby en France (590 millions d’euros, soit bien moins que les 8 milliards annoncés par une étude antérieure de l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales), le CDES revendique « une démarche de transparence, de rigueur et de prudence ». L’idée consiste à anticiper « sur la base d’un modèle de type keynésien » les richesses générées sur le sol français par l’accueil du plus grand événement sportif du monde.
Le volet organisation des Jeux en tant que tel correspondrait, selon tous les scénarios de l’étude, à la moitié de ces retombées économiques. « Largement financée par des ressources privées (77 %) » et concentrée sur l’année 2024, cette part comprend notamment le montant substantiel promis par le CIO (1,5 milliard d’euros).
Le secteur du tourisme, lui, représenterait de 27 % à 35 % de l’impact global. Et pourrait se mesurer y compris après 2024, selon Etienne Thobois, directeur général de la candidature parisienne : « Pendant trois semaines, la compétition servirait d’énorme publicité pour Paris. »
Le restant des pourcentages correspondrait aux sommes débloquées pour la construction d’installations en Seine-Saint-Denis, temporaires ou non, comme le centre de presse, le village des sportifs, et une piscine de 50 mètres de long. Des infrastructures qui, à terme, devraient permettre la création de 5 000 logements supplémentaires dans la région, où les besoins existent.
« Héritage intangible »
Au-delà, et c’est un point sur lequel insiste Etienne Thobois dans sa stratégie de communication, la pertinence des Jeux dépendrait tout autant de l’« héritage intangible » qu’ils seraient à même de livrer. D’où la volonté affichée de travailler à la rédaction d’un livre blanc d’ici à 2017 pour « replacer le sport au cœur de la société », avec le concours du mouvement sportif, politique, et de la société civile.
Dans une note d’intention rédigée en même que temps le rapport d’impact du CDES, le comité de candidature de Paris 2024 rappelle aussi sa volonté de développer le sport pour tous et de s’appuyer sur les 43 mesures de politique publique envisagées en mai lors du Conseil de Paris, dont celle, très commentée, d’assainir la Seine au point de pouvoir s’y baigner.
Des Jeux bénéfiques à tous ? « Si les Jeux olympiques supposent également une dépense consentie en partie par la puissance publique, tempère Jean-Pascal Gayant, ses bénéfices se destinent largement aux secteurs privés que sont ceux du BTP ou de l’événementiel. » Une aporie sans doute encore à résoudre.