La famille d’une victime du 13 novembre porte plainte contre Google, Facebook et Twitter
La famille d’une victime du 13 novembre porte plainte contre Google, Facebook et Twitter
Par Florian Reynaud
Il accuse plusieurs réseaux sociaux de donner des outils de propagande et de recrutement à l’organisation Etat islamique.
Reynaldo Gonzalez, le père de Nohemi Gonzalez, tuée à Paris dans les attaques du 13 novembre, s’effondre lors de ses funérailles, le 4 décembre, en Californie. | Genaro Molina / AP
Nohemi Gonzalez est morte à l’âge de 23 ans dans les attentats du 13 novembre à Paris, alors qu’elle était en échange universitaire en école de design. Aujourd’hui son père, Reynaldo Gonzalez, installé en Californie, lance une action en justice contre Google, Facebook et Twitter. Il accuse ces entreprises d’avoir fourni à l’organisation Etat islamique (EI) des outils pour diffuser sa propagande et attirer de nouvelles recrues. Sa plainte a été déposée le 14 juin devant le tribunal de première instance du district nord de Californie.
« Sans Twitter, Facebook, et Google (YouTube), la croissance explosive qui a permis, ces dernières années, à l’Etat islamique de devenir le groupe terroriste le plus craint au monde, n’aurait pas été possible. »
La plainte cite plusieurs comptes Twitter liés à l’organisation Etat islamique que le réseau social a tardé à supprimer, leur permettant de diffuser la propagande du groupe terroriste. Reynaldo Gonzalez accuse également certaines de ces entreprises de gagner de l’argent sur cette propagande du fait des publicités placées sur leurs sites.
Les réseaux sociaux ont des règles contre le terrorisme
Google rappelle ses « règles très claires interdisant le recrutement des groupes terroristes et tout contenu pouvant inciter à la violence », ajoutant que le site retire « rapidement les vidéos enfreignant ces règles qui sont signalées par nos utilisateurs », des règles également en vigueur chez Facebook et Twitter. Ce dernier a récemment souligné la suppression de 125 000 comptes Twitter faisant l’apologie du terrorisme depuis la mi-2015.
Depuis les attentats du 13 novembre, le gouvernement des Etats-Unis et d’autres pays ont appelé la Silicon Valley à coopérer plus activement dans la lutte contre le terrorisme, soit en participant à la diffusion de contre-discours pour combattre la propagande, soit en censurant plus efficacement la communication de l’EI.
Facebook s’est récemment retrouvé sous le feu des critiques après l’assassinat, lundi 13 juin, du couple de fonctionnaires de police à Magnanville (Yvelines). L’auteur du crime, Larossi Abballa, a revendiqué son acte en vidéo et en direct sur Facebook Live, et prêté allégeance à l’EI. La vidéo et le profil d’Abballa ont été supprimés plusieurs heures plus tard par Facebook, et si des copies de la vidéo ont été mises en ligne sur YouTube, elles sont régulièrement censurées au gré des signalements par les utilisateurs.
Une modération a posteriori
Le principe de base de la modération des plus grands réseaux sociaux repose sur le signalement par les utilisateurs et la modération a posteriori. Une fois « flagged » par un internaute, un contenu ou un profil va être étudié par les équipes de Twitter, Google ou Facebook, qui décideront alors de le supprimer ou non.
Sur Twitter, les comptes de djihadistes sont très régulièrement supprimés, depuis que le réseau social a décidé de lutter plus activement contre eux. En dépit de ces vagues de suppression, les partisans de l’EI recréent à l’envi des comptes anonymes pour se remettre à diffuser la propagande de l’organisation terroriste.