Dans une rue de New York, le 4 juin. | JEWEL SAMAD / AFP

Un éclair d’unanimité a traversé la campagne des primaires américaines, samedi 4 juin. Les trois candidats encore en course, Hillary Clinton et Bernie Sanders côté démocrate, et Donald Trump pour le camp républicain, ont rendu le même hommage appuyé au boxeur Mohamed Ali, mort la nuit précédente. Chacun l’a fait cependant à sa manière. Sur son compte Twitter, le magnat de l’immobilier s’est limité à la carrière sportive de cette figure de légende, « véritable grand champion » qui sera « regretté de tous ». Le sénateur indépendant du Vermont, en écho à ses propres engagements de jeunesse, a pour sa part souligné l’engagement du sportif contre la guerre du Vietnam, à la fin des années soixante.

Mme Clinton, enfin, a profité de l’occasion pour porter un coup subtil au milliardaire qui sera probablement son adversaire à l’élection présidentielle du 8 novembre, dans la continuité de son discours du 2 juin vantant une Amérique positive qu’elle avait opposée à celle de la peur présentée selon elle par M. Trump. La candidate à l’investiture démocrate a en effet souligné dans son hommage à Mohamed Ali, né Cassius Clay avant sa conversion à l’islam, qu’il avait grandi et vécu, parfois dans le tumulte, dans un pays « où les gens peuvent renverser les barrières, où ils peuvent célébrer leur propre dieu et choisir leur propre nom ». Le milliardaire républicain a effectivement suscité une controverse en décembre en proposant, après l’attentat de San Bernadino (Californie), un ban de l’accès au territoire américain des musulmans du monde entier.

« Il n’était pas parfait, bien sûr »

En milieu de matinée, le président Barack Obama a également diffusé un message émouvant consacré à cette figure complexe de l’Amérique. « Il n’était pas parfait, bien sûr, pour le prix de sa magie sur le ring, il pouvait être imprudent dans ses paroles, et plein de contradictions », a écrit M. Obama, insistant cependant sur son rôle dans les transformations de la société américaine :

« Il a été aux côtés de [Martin Luther King] et [Nelson] Mandela, il s’est élevé quand c’était difficile, il a parlé quand d’autres ne le faisaient pas. »

« C’est un homme qui s’est battu pour ce qui était juste (…) Son combat en dehors du ring lui a coûté son titre, lui a valu nombre d’ennemis (…) Mais Ali a tenu bon. Il a secoué le monde et le monde s’en est trouvé meilleur, et nous nous en sommes trouvés meilleurs », a conclu le président. Son lointain prédécesseur démocrate, Bill Clinton sera l’une des trois personnalités qui s’exprimeront le 10 juin lors des funérailles du boxeur, à Louisville, sa ville natale du Kentucky.