Les fulgurances du Caravage
Les fulgurances du Caravage
Par Emmanuelle Jardonnet
La vie et l’œuvre du peintre, entre ombres et lumières, excès et clair-obscur (dimanche 22 mai à 17 h 35 sur Arte).
Tournage d’une séquence du documentaire à la Galeria Borghese, à Rome (Italie). | Arte
La vie et l’œuvre du peintre, entre ombres et lumières, excès et clair-obscur.
Une folle vie, entre gloire, fulgurances et démons personnels, puis l’oubli. L’incandescence, puis l’éclipse. Mais une œuvre qui a su résister malgré tout, reconstituée à partir de 1913 jusqu’à aujourd’hui, après trois siècles de confusion. Une redécouverte tardive venue délimiter un corpus cohérent d’une cinquantaine de toiles seulement. Caravage, dans la splendeur des ombres est le récit de cette double trajectoire : de sa vie et de sa postérité, d’une fracassante fuite en avant et de l’intuition patiente d’historiens d’art, en partie racontée par des spécialistes actuels du peintre.
Michelangelo Merisi, de son vrai nom, est né en 1571 à Caravaggio, un village de Lombardie. Après un apprentissage à Milan, il part pour Rome, l’épicentre des arts, à 20 ans. La célébrité sera précoce. Il se voit confier, à 27 ans, une commande prestigieuse : trois grands tableaux célébrant la vie et le martyre de saint Mathieu pour l’église Saint-Louis-des-Français de Rome. Défi qu’il relève magistralement. Une montée en puissance décisive : à partir de là, il obscurcit sa palette, accentue le clair-obscur et met en place son style caractéristique, entre intensité dramatique, force réaliste et naturalisme dans l’approche des personnages, même bibliques.
« Bacchus », Le Caravage (1593-1594). Musée des Offices, à Florence (Italie). | © Galleria degli Uffizi
Extravagant et irascible
Caravage est un mauvais garçon à l’œil noir, dont on reconnaît les traits au détour de nombreux de ses tableaux. Il est aussi extravagant qu’irascible et multiplie condamnations et emprisonnements. En 1606, il a 35 ans : une bagarre éclate, il blesse mortellement son adversaire. Recherché par la police du pape, il s’enfuit à Naples, puis à Malte, où il réalisera une monumentale décollation de saint Jean-Baptiste : le seul tableau qu’il signera jamais, avec le doigt trempé dans le sang du martyr.
A peine fait chevalier de l’ordre de Malte, il est de nouveau pris dans une bagarre, et arrêté. Là encore, il préférera l’évasion, ce qui lui vaudra l’exclusion de l’ordre. Il part alors en Sicile, puis retourne à Naples. C’est un homme torturé, guidé par l’urgence de peindre, qui ne pense qu’à une chose : revenir à Rome. L’ombre envahit sa peinture, où il accentue la simplicité des scènes, toujours plus saisissantes et violentes. Enfin gracié par le pape, il mourra en 1610 de la malaria. Il n’avait que 39 ans.
« Les musiciens », Le Caravage, 1595-1596. Huile sur toile, Metropolitan Museum of Art de New York (Etats-Unis). | © The Metropolitan Museum of Art
Caravage, dans la splendeur des ombres, de Jean-Michel Meurice (Fr., 2015, 50 min). Le dimanche 22 mai à 17 h 35 sur Arte.