Max Verstappen, le nouveau prodige de la Formule 1
Max Verstappen, le nouveau prodige de la Formule 1
Par Catherine Pacary
Max Verstappen est entré dans l’histoire de la compétition automobile en devenant, à 18 ans 7 mois et 15 jours, le plus jeune pilote à remporter un Grand Prix de Formule 1.
Max Verstappen remporte son premier Grand Prix le 15 mai sur le circuit de Catalogne (Espagne). | JUAN MEDINA / REUTERS
Il est entré dans l’histoire de la compétition automobile, dimanche 15 mai à Barcelone, en devenant, à 18 ans 7 mois et 15 jours, le plus jeune pilote à remporter un Grand Prix de Formule 1. Max Verstappen détrône ainsi Sebastian Vettel (1re victoire à 21 ans 2 mois et 11 jours en Italie en 2008, et 3e dimanche) et Fernando Alonso (22 ans et 26 jours lors du Grand Prix de Hongrie 2003). Un record de précocité, faute de trouver le bon adjectif pour qualifier sa carrière : « fulgurante », « éclair », « sur les chapeaux de roues »… « stratosphérique » sont employés au lendemain de l’exploit.
Précoce, il l’est aux commandes d’un kart à 4 ans, comme maman, la pilote de karting belge Sophie Kumpen. Dans son souvenir, il sait déjà qu’il sera pilote de Formule 1. Comme papa, Jos Verstappen (107 Grands Prix entre 1994 et 2003 pour 2 podiums ; pilote d’essais pour Michaël Schumacher chez Benneton). « Il y a beaucoup de bons pilotes en karting », rappelait Max en août 2014, mais peu savent qu’il faut énormément travailler aussi à côté pour sortir du lot.
Cela ne rebute pas Max Verstappen. Piloter, c’est sa vie. Jamais il n’a envisagé de faire autre chose. « A la maison, tout tournait autour de la course, il était clair que j’allais aussi piloter. Mes parents sont divorcés mais quand je rentre à la maison, nous continuons à parler de course. Donc on peut dire qu’on est vraiment une famille de pilotes », confiait-il à l’AFP en juillet 2015. D’autant qu’il a aussi une sœur qui fait de la course, un grand-père, Paul Kumpen, pilote en GT endurance, et un oncle qui court les 24 Heures du Mans.
Le « boss »
Mais « le boss », surnom donné à Jos dans les paddocks, c’est le père. C’est lui qui encadre, guide, motive, parfois rudement, le jeune prodige. Max suit une scolarité classique jusqu’à ses 12 ans, âge auquel il devient professionnel. « Mon père était sévère et me répétait toujours qu’il y a toujours un moyen de s’améliorer. » Il passe à l’école à domicile, plus compatible avec ses déplacements. « C’est ce qui m’a poussé à tout faire pour passer en F1 et devenir champion du monde » confie le champion au Red Bulletin du 15 avril 2015. Un objectif affiché, qui commence par le titre de champion du monde de karting.
Et se poursuit en Formule 3. Max Verstappen finit 2e pour sa première saison. Ce qui fait du « gamin » le plus courtisé du marché. L’expérience paternelle entre en jeu. Le programme Red Bull junior a fait ses preuves, de Sebastian Vettel à Daniel Ricciardo et Daniil Kvyat. En août 2014, à 16 ans et 10 mois, il intègre la filière. Une semaine plus tard, Helmut Marko, conseiller spécial pour Red Bull Racing, surprend en déclarant : « Max est un pilote que l’on peut envoyer immédiatement en Formule 1 ». Là où les autres ont suivi un processus long et balisé. Max apprend qu’il va être titulaire chez Toro Rosso, la « petite » Red Bull. « Nous étions déjà en contact avec eux depuis 2010. La saison dernière [en Formule 3], j’étais performant. Après avoir gagné six courses d’affilée, j’ai reçu un nouvel appel de Helmut Marko, avec une nouvelle proposition. Tout est allé très vite. » Max Verstappen intégrera le championnat du monde de F1 en 2015, battant encore un record de précocité. L’annonce est rendue publique mi-août.
Il reste quelques détails à régler. L’adolescent n’a ni permis de conduire ni – surtout – de licence de F1. Ce qui ne l’inquiète pas : « Je pense que le plus grand pas à franchir était celui entre le karting et la F3, déclare-t-il alors à la BBC. Celui de la F3 à la F1 sera moins grand. » Verstappen réussit le « test de 300 km/h » et pratique le simulateur à haute dose. Jean Todt, le patron de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) n’apprécie pas, le jugeant trop jeune. Il s’empresse de faire voter une nouvelle règle qui interdit, à l’avenir, à un mineur de piloter un Formule 1, faisant par là même de Max Verstappen un recordman inaccessible.
« Le pilote sans permis » assume crânement. Au Telegraph, il lance : « Je veux exploser tous les records : les records de victoires, de titres mondiaux. (…) Je me moque de mon âge. Je veux juste remporter le championnat du monde. » Et il s’y emploie. A Melbourne, le 15 mars 2015, il devient le plus jeune pilote de l’histoire à prendre le départ d’un Grand Prix de F1, à 17 ans, 5 mois et 15 jours.
Quinze jours plus tard, à Sepang (Malaisie), il cale au départ et s’élance avec un tour de retard. Un handicap qu’il remonte, 8e à deux tours de la fin. Alors quand son équipe lui demande de céder la place à son coéquipier Carlos Sainz Jr, il dit « No » et conserve sa place, devenant le plus jeune concurrent à entrer dans les points. « Il pilote dans une autre dimension. Celle des grands de la F1 », s’enthousiasme L’Equipe le surlendemain. Son caractère se forge. Hors piste, il a ses habitudes. C’est son père ou un membre de l’écurie Toro Rosso qui le conduit sur les circuits, jusqu’à ce 30 septembre où, jour de son anniversaire, il passe enfin son permis de conduire.
Max Verstappen et le consultant de courses Red Bull Racing Helmut Markko célèbrent la victoire, le 15 mai à Montmelo (Espagne). | JOSEP LAGO / AFP
Sur les pistes, sa vitesse de pointe et ses dépassements courageux sont remarqués. Son assurance ne lui fait pas que des amis. « Pourquoi stresser ? Je me trouve là où je rêve d’être depuis toujours : assis au volant d’une voiture de F1 », déclare-t-il en avril 2015.
A mi-saison, il tire un premier bilan. « Je suis toujours dans un processus d’apprentissage, déclare-t-il à l’AFP le 24 juillet. Je comprends mieux les pneus, entre les essais libres et les qualifications, et la nécessité de ne pas trop attaquer ». D’aucun jugent son pilotage agressif… « Mon pilotage est à la fois doux et agressif, quand il le faut, en particulier lors de dépassements. Tout le monde a sa propre façon de piloter, j’ai la mienne. » S’ensuivent deux 4e places en Hongrie et aux Etats-Unis pour une saison de rookie (novice) exemplaire qui se clôt par une 12e place au classement général.
Looking forward to the race, my first of many for @redbullracing! #SpanishGP https://t.co/Ey7gOa77OH
— Max33Verstappen (@Max Verstappen)
La deuxième saison débute comme la première a fini, chez Toro Rosso. La maîtrise du pilotage s’affirme, lui évitant les erreurs d’un Daniil Kvyat qui envoie dans le décor une première fois Sebastian Vettel le 17 avril à Shanghaï, puis une seconde fois à Sotchi deux semaines plus tard. C’en est trop pour Red Bull, qui promeut Max Verstappen à sa place, et rétrograde Daniil chez Toro Rosso. « Max est doué d’un talent incroyable », justifie Christian Honner, patron de l’écurie Red Bull. Mettez ce talent dans de bonnes circonstances, dimanche 15 mai, à savoir une guerre fratricide entre les deux pilotes Mercedes, Lewis Hamilton et Nico Rosberg, qui s’est terminée dès les premiers tours dans le gravier, et l’exploit est à portée de tour de roue.
Encore faut-il avoir le cran de concrétiser. Le Hollandais a dû contenir les assauts de Kimi Raïkkönen pendant près de 20 tours en fin de course, celui-ci finissant deuxième à seulement 616 centièmes. Il ne lui aura fallu que 24 Grands Prix pour l’emporter. Une performance saluée par son père Jos : « Il est calme, il sait quoi faire au volant. C’est sa vie, il pilote depuis qu’il est enfant, donc tout ça est normal pour lui. Il n’a pas fait une seule erreur, il a mérité sa victoire. »
Un compliment, rare, pour une consécration à deux. Que peut-on lui souhaiter de plus ? « J’espère que mon père sera toujours présent à mes côtés (…). Je suis vraiment content qu’il soit tout le temps là, donc j’espère qu’on pourra continuer comme ça ».
F1 2016 Spain - Max Verstappen - Win - Last Lap - Team Radio
Durée : 04:18