En périphérie de la capitale Manama dimanche 29 mai, des hommes tiennent des portraits du cheikh Ali Salman, leader du Wefaq, mouvement d’opposition chiite, lors d’une manifestation contre son arrestation. | MOHAMMED AL-SHAIKH / AFP

Le chef du principal mouvement de l’opposition chiite à Bahreïn, le cheikh Ali Salman, jugé notamment pour incitation à la désobéissance, a vu sa peine fortement alourdie en appel lundi 30 mai. La Haute Cour d’appel le condamne en effet à neuf ans de prison, selon une source judiciaire, alors qu’il s’était vu infliger quatre ans en première instance en juin 2015.

Son parti, le Wefaq, a jugé le verdict « inacceptable et provocateur », considérant dans un communiqué que cette nouvelle peine témoigne de « l’insistance du régime à ignorer les appels à une solution et à exacerber la crise politique à Bahreïn ».

Le pays est gouverné par une dynastie sunnite mais les chiites y sont majoritaires, représentant environ 70 % de la population autochtone, estimée à 560 000 personnes. Grâce à un découpage électoral biaisé, pénalisant les chiites, et à une politique de naturalisation massive d’immigrés sunnites, la dynastie des Al-Khalifa au pouvoir conserve le monopole sur les institutions. Le Wefaq, principal parti d’opposition islamiste et l’un des moteurs de la révolte de 2011, déclenchée dans le sillage des « printemps arabes » et étouffée par le pouvoir.

Les autorités, appuyées par l’Arabie saoudite, présentent le Wefaq comme le « cheval de Troie » de l’Iran chiite. Le verrouillage de la scène politique, malgré plusieurs sessions de dialogue national, a radicalisé la jeunesse chiite, souvent déshéritée. Des attaques à la bombe ont visé les forces de l’ordre ces dernières années, en dépit du pacifisme prôné par le Wefaq.