La ville de New York a donné du fil à retordre aux candidats au bac d’anglais 2016. | Flickr (CC BY 2.0)

Après les récriminations contre le « tigre bleu » de Laurent Gaudé aux épreuves anticipées du bac de français 2015 et une pétition concernant l’épreuve du bac S de physique-chimie dans les centres étrangers cette année, la génération des aspirants bacheliers 2016 fait de nouveau parler d’elle, en publiant une pétition sur le site change.org. Intitulée « Annulation du premier texte du bac anglais », elle récoltait, lundi 20 juin en début d’après-midi, 13 500 soutiens. Son texte se résume à une ligne : « Suite à la difficulté de la compréhension du texte A nous voulons une modification du barème ».

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En cause, un texte extrait du roman de l’américaine Alice Hoffman, The Museum of Extraordinary Things, paru en 2014. On y suit la déambulation d’un des protagonistes, Eddie, qui observe la transformation urbaine de Manhattan au début du XXe siècle. Suivent ensuite un texte sur l’urbanisation de Manhattan à partir de 1916 et une illustration futuriste intitulée : « Jusqu’à quel point New York peut-elle être une ville verte ? »

En justifiant leur réponse à l’aide du premier texte, les lycéens devaient notamment répondre aux questions : « Dans quelle ville se situe la scène du texte A ? » et : « Où se situe la scène ? […] Au début du XXe siècle ? De nos jours ? Dans les années 1980 ? »

« Manhattan, c’est une ville ? »

De nombreux lycéens des filières générales (bac S, bac ES et bac L) ignorent de toute évidence que Manhattan se situe à New York et se sont avérés incapables d’estimer la période dont parlait le premier texte. Et ce, malgré les nombreux indices disséminés dans le texte 2 ainsi que dans la légende de la photo, qui mentionne la ville de New York. Certains lycéens avaient d’ores et déjà réagi par des tweets rageurs et des commentaires plaintifs sur le site de la pétition :

« Les questions du texte A nous demandaient des connaissances géographiques et historiques que nous ne possédons pas tous, même si cela paraissait évident », s’insurge Mickael dans un commentaire publié sur le site de la pétition, ajoutant que ce texte utilise « un vocabulaire pointu et complexe, qui n’est pas usuel d’élèves de terminale ». Marine renchérit : « Je signe parce qu’on nous demande des questions de culture générale avec aucun lien avec les notions vues en cours pendant l’année. »

Un moyen de se faire remarquer

Des récriminations « injustifiées », pour Françoise Du, enseignante d’anglais au lycée Brequigny de Rennes et secrétaire adjointe de l’Association des professeurs de langue vivante. « Le sujet était tout à fait faisable, dans tous les manuels d’anglais on trouve une leçon sur New York et Manhattan : cela fait partie de la culture générale de tout élève de terminale. Je n’ai rien contre le fait que les élèves soient plus revendicateurs, mais là ils vont trop loin. »

Une position que soutient Claude Lelièvre, spécialiste de l’histoire de l’éducation. « Ce phénomène de pétition post-bac est tout à fait nouveau et peut être expliqué par le fonctionnement du Web qui favorise les protestations horizontales. Ces pétitions en ligne sont un moyen pour les lycéens de se faire remarquer. Ils ont alors la sensation d’avoir du pouvoir sur les adultes, qui ont tout intérêt à rester de marbre. »

Une autre pétition, titrée « un nouveau sujet de mathématiques » a été lancée par les élèves qui passent le bac STMG, la plus importante série des bacs technologiques. Dix mille signataires y déplorent une erreur dans le sujet ainsi qu’« un niveau beaucoup trop élevé » de l’épreuve de mathématiques.

D’exaspération, un internaute a lancé une pétition anti-pétition. Intitulée : « Pour que les terminales arrêtent de se plaindre du bac 2016 », elle n’avait récolté, deux jours après son lancement, que 78 soutiens.