Primaires américaines : les armes à feu, nouvel enjeu de l’affrontement entre Trump et Clinton
Primaires américaines : les armes à feu, nouvel enjeu de l’affrontement entre Trump et Clinton
Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters
Le magnat de l’immobilier estime que l’élection de novembre serait un référendum sur le deuxième amendement, alors que la candidate démocrate veut généraliser les vérifications d’antécédents judiciaires et psychiatriques.
« Hillary la malhonnête est la candidate la plus anti-armes, la plus hostile au deuxième amendement de l’histoire. (...) Elle veut abolir le deuxième amendement. » | AARON P. BERNSTEIN / REUTERS
La saison des primaires n’est pas terminée, mais Donald Trump et Hillary Clinton se sont déjà projetés dans les débats de la campagne qui mènent à l’élection du 8 novembre.
A l’occasion de sa convention annuelle qui se tenait pendant le week-end à Louisville, dans le Kentucky, la National Rifle Association (NRA), le principal groupe de pression en faveur des armes à feu aux Etats-Unis, a apporté un soutien à Donald Trump, le seul candidat républicain encore en course.
Chris Cox, le directeur du bras politique de la NRA :
« Nous devons nous rassembler, et nous devons nous rassembler dès maintenant. Au nom des milliers de patriotes présents dans cette salle, des cinq millions de membres de la NRA, et des dizaines de millions qui nous soutiennent, j’annonce officiellement le ralliement de la NRA à Donald Trump pour la présidentielle. »
L’appui de la NRA en faveur d’un républicain n’est pas une surprise, mais en 2008 (John McCain) et 2012 (Mitt Romney), elle n’avait officialisé ce soutien qu’au mois d’octobre, quelques semaines avant l’élection présidentielle.
Cette année, il intervient au moment où Donald Trump, désormais seul candidat en lice pour l’investiture républicaine, tente de rassembler le mouvement conservateur, longtemps méfiant envers ce New-yorkais qui flirta autrefois avec les démocrates.
Bad jokes abound: The NRA Leadership Forum turned into a sad, desperate roast of Hillary Clinton
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La NRA a progressivement transformé son message en défense de la liberté individuelle, au nom du deuxième amendement de la Constitution, qui garantit, selon elle, le droit individuel et inconditionnel à détenir des armes à feu pour se défendre, une interprétation que contestent les partisans d’un durcissement de la législation.
La NRA a progressivement transformé son message en défense de la liberté individuelle, au nom du deuxième amendement de la Constitution. | SCOTT OLSON / AFP
Cette crispation intervient alors que, dans l’Ouest américain, certains se décrivant comme des « patriotes » – ils sont considérés comme des « terroristes de l’intérieur » mais aussi moqués sur les réseaux sociaux qui les surnomment « Y’all Qaeda » ou « Vanilla ISIS » – réclament la restitution de terres fédérales « au peuple », le respect du deuxième amendement ou de la liberté d’expression, comme ceux retranchés dans le parc Malheur, dans l’Oregon, depuis le début de l’année.
L’objectif des dirigeants de la NRA est explicite : empêcher Hillary Clinton de succéder à Barack Obama, président en guerre ouverte avec l’organisation. Le dirigeant historique de la NRA, Wayne LaPierre a lancé :
« Si elle réussit à nommer ne serait-ce qu’un juge à la Cour suprême (…), vous pourrez dire adieu à vos armes. »
Trump et les attentats du 13 novembre à Paris
Ainsi adoubé, Donald Trump a multiplié les promesses aux militants de la NRA, notamment d’abroger des décrets signés par Barack Obama pour renforcer modestement les réglementations. « Je vais les “désigner” très vite, dès la première heure de mon entrée en fonction », a-t-il promis. Le magnat de l’immobilier a déclaré que l’élection de novembre serait un référendum sur le deuxième amendement :
« Hillary la malhonnête est la candidate la plus anti-armes, la plus hostile au deuxième amendement de l’histoire. (…) Elle veut abolir le deuxième amendement. »
Il a ajouté qu’Hillary Clinton libérerait de prison des criminels et désarmerait les citoyens respectueux de la loi dans les quartiers dangereux et a prévenu que les femmes, en particulier, serait en danger si l’ancienne secrétaire d’Etat était élue en novembre.
Comme il l’a fait plusieurs fois, le candidat a pris en contre-exemple le régime français très restrictif sur la détention d’armes et imaginé une fin alternative aux attentats commis dans la capitale française le 13 novembre.
« Ces types sont entrés, boum, boum – toi, là-bas, boum. Et ils sont restés là et ont tué tout le monde. Aucune arme de l’autre côté. S’il y avait eu des armes de l’autre côté, (…) je vous promets qu’il n’y aurait pas eu 130 morts. »
Etats-Unis: le lobby des armes soutient Donald Trump
Durée : 01:05
Pour gagner l’affection des militants de la NRA, Donald Trump a aussi rappelé que deux de ses fils étaient membres de la NRA depuis des années. « Ils ont tellement de fusils et d’armes, parfois, même moi, ça m’inquiète un peu », a-t-il dit, en plaisantant. Le New-yorkais se déclarait pourtant en faveur d’une interdiction des armes d’assaut il y a une quinzaine d’années.
Hillary Clinton contre la culture de la violence
La candidate démocrate s’est affichée pendant la campagne des primaires avec des mères de victimes et veut généraliser la vérification d’antécédents judiciaires et psychiatriques avant l’acquisition d’une arme.
Hillary Clinton et Sybrina Fulton, la mère de Trayvon Martin, à Fort Lauderdale, en Floride, le samedi 21 mai. | JOE RAEDLE / AFP
Samedi, devant la Trayvon Martin Foundation, à Fort Lauderdale, en Floride, elle a déclaré :
« C’est [la NRA] le lobby le plus puissant à Washington et nous savons tous que certains candidats diront et feront tout pour les satisfaire. (…) Il s’agit de quelqu’un [Donald Trump] qui est candidat à la présidence des Etats-Unis – un pays confronté à une épidémie de violence par armes à feu – et il veut faire entrer plus d’armes dans les écoles, il veut plus de haine et de division dans nos rues. Ce n’est pas ainsi que nous serons plus à l’abri. »
« Nous devons nous battre contre la culture de la violence par armes à feu », a-t-elle dit dimanche dans une église du Kentucky.