Des perturbations dans les transports, notamment à Paris – également confrontée à une grève dans le ramassage des ordures – sont à prévoir vendredi, jour du coup d’envoi de l’Euro 2016 de football où la France doit rencontrer la Roumanie au Stade de France. Pour Jacques Lambert, le président du comité d’organisation de la compétition, la fête est « déjà » gâchée. « L’image qui est donnée n’est pas celle que nous voulions », a estimé Jacques Lambert sur France Inter.

La ministre du travail, Myriam El Khomri, a déclaré être « prête à recevoir Philippe Martinez dans la minute si cela peut permettre de lever tous les blocages dans le pays », sans attendre un rendez-vous « convenu » avec lui le vendredi 17 juin.

« J’ai toujours dit que ma porte était ouverte et j’ai dit que je recevrai toutes les organisations syndicales (…). J’ai reçu la semaine dernière Laurent Berger [CFDT], Luc Bérille [UNSA], Philippe Louis [CFTC]. J’ai reçu ce matin François Hommeril [CFE-CGC]. Je reçois ce soir Jean-Claude Mailly [FO] », a déclaré Mme El Khomri. « Depuis mars, la CGT a adopté la politique de la chaise vide, sa position a évolué (…) », a-t-elle ajouté.

  • SNCF : des navettes pour le Stade de France

« S’il faut utiliser les réquisitions (de conducteurs de trains) demain, nous le ferons », a prévenu le secrétaire d’Etat aux transports, Alain Vidalies, en écartant toute nouvelle négociation avec les cheminots. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

Malgré un accord, mardi, consacrant le régime de travail actuel à la SNCF, la grève lancée par la CGT-Cheminots, SUD-Rail et FO (non représentatif) pour défendre les conditions de travail des cheminots et demander le retrait du projet de loi travail, a été reconduite vendredi pour une dixième journée. Il y a toutefois eu des appels de certaines sections locales de la CGT à la suspension et des scrutins plus serrés.

Alors que des milliers de supporteurs sont attendus vendredi soir au Stade de France pour le match France-Roumanie, des perturbations sont prévues sur les RER B et D, qui le desservent. La SNCF a prévu d’assurer des navettes fréquentes entre Paris et le stade. « S’il faut utiliser les réquisitions [de conducteurs de trains] demain, nous le ferons », a prévenu le secrétaire d’Etat aux transports, Alain Vidalies, en écartant toute nouvelle négociation avec les cheminots.

Quatre TGV sur 5, 7 TER sur 10, 1 Transilien et 1 Intercités sur 2 sont par ailleurs annoncés pour vendredi.

  • RATP : légères perturbations sur le RER B

SUD-RATP (troisième syndicat) a appelé à une grève illimitée à partir de vendredi, date d’ouverture de l’Euro de football, pour les salaires et contre la loi travail.

La régie des transports parisiens (RATP) prévoit pour vendredi un trafic normal sur les métros, tramways et le RER A, quasi normal sur les bus, et légèrement perturbé sur la partie du RER B dont elle a la gestion, malgré des préavis de grève (SUD et CGT). Sur le RER, la régie anticipe « 4 trains sur 5 », comme les jours précédents, entre la Gare du Nord et Saint-Rémy-les-Chevreuse, la portion sud du réseau. L’autre partie est gérée par la SNCF.

SUD-RATP (troisième syndicat) a appelé à une grève illimitée à partir de vendredi, pour les salaires et contre la loi travail. Le syndicat accuse également la régie de vouloir « remettre en cause » le statut du personnel RATP pour le « revoir à la baisse, comme la loi travail veut réduire à néant nos acquis sociaux ». Un préavis de la CGT (premier syndicat) est déjà ouvert, depuis le 2 juin, pour demander la réouverture des négociations salariales et le retrait de la loi travail.

  • Air France : plus de 80 % des vols assurés samedi

Air France « prévoit d’assurer plus de 80 % de ses vols » samedi, au premier jour d’une grève qui mobilisera 25 % des pilotes, pour défendre l’emploi et les conditions de rémunérations, a indiqué la compagnie vendredi dans un communiqué. | AFP / STEPHANE DE SAKUTIN

Loin de la fronde contre le projet de loi travail, les pilotes d’Air France sont, eux aussi, appelés à déserter leurs cockpits au moment de l’Euro, de samedi à mardi pour défendre l’emploi et leurs conditions de rémunération.

Air France « prévoit d’assurer plus de 80 % de ses vols » samedi, au premier jour d’une grève qui mobilisera 25 % des pilotes, a indiqué la compagnie vendredi dans un communiqué.

Air France annonce le maintien de « plus de 90 % » des vols long-courriers, « 90 % » des vols intérieurs et « autour de 75 % » des vols moyen-courriers de et vers Paris-Charles-de-Gaulle, sans exclure « des annulations et des retards de dernière minute ».

La compagnie estime le coût de la grève entre 5 et 6 millions d’euros par jour.

  • Déchets : 12e jour de grève à Paris

A Paris, le 10 juin 2016. | JOEL SAGET / AFP

Eboueurs, agents territoriaux, chauffeurs de camions-bennes en grève perturbent depuis plus de dix jours les principaux sites de la région parisienne dont le plus important, Ivry-sur-Seine-Paris 13, en grève continue depuis douze jours, qui traite d’habitude 1 800 tonnes d’ordures ménagères par jour. Les personnels et agents de la Ville de Paris qui bloquent cette usine d’incinération ont décidé de reconduire leur grève jusqu’à mardi, journée de manifestation nationale contre la loi El Khomri.

Des blocages temporaires continuent dans trois autres sites parisiens, où les piquets de grève ont été délogés par les forces de l’ordre à plusieurs reprises. La collecte des poubelles est très perturbée à Paris où les ordures ont commencé à s’amonceler dans une dizaine d’arrondissements, en raison de la grève massive des chauffeurs des principaux garages de camions-bennes de la Ville de Paris.

La maire (PS) de Paris Anne Hidalgo a assuré que « toutes les ordures ser[aie]nt ramassées » dans la capitale. Elle a exhorté le gouvernement à « dialoguer » avec la CGT, disant rejeter « les méthodes qui consistent à s’envoyer des coups de menton à la figure ».

Des blocages touchent aussi Marseille (Fos-sur-Mer) et les Bouches-du-Rhône, l’Ariège, les Hautes-Pyrénées, le Tarn-et-Garonne.

  • Raffineries : au Havre, la grève reconduite pour quarante-huit heures

Le personnel de la Compagnie industrielle maritime (CIM), le terminal pétrolier du Havre (Seine-Maritime) a reconduit mercredi sa grève pour quarante-huit heures et perturbe depuis dix-huit jours l’approvisionnement des raffineries et des aéroports parisiens.

Depuis le 27 mai toutefois, un service minimum, sur injonction du premier ministre, est assuré par 17 cadres qui travaillent et dorment sur place. Ils assurent le pompage pour alimenter en brut la raffinerie ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon, et en kérosène et gazole les aéroports. La CIM alimente en brut les deux premières raffineries de France : celles de Total à Gonfreville-L’Orcher et d’ExxonMobil à Port-Jérôme (région havraise), ainsi que celle de Total à Grandpuits (Seine-et-Marne). Quarante pour cent du brut importé par la France passent par ses terminaux.

  • Blocages temporaires

Les opposants multiplient les blocages temporaires de routes, ports, écluses, perturbent la distribution du courant, ont bloqué vendredi le dépôt de carburants de Lespinasse, près de Toulouse, installé des barrages filtrants dans le Pas-de-Calais, paralysé des voies et procédé à une opération escargot dans l’Aisne… Dans l’énergie, des débrayages dans plusieurs centrales ont généré une légère baisse de la production jeudi, et la CGT, qui a appelé ses militants à amplifier le mouvement, revendique avoir basculé plusieurs centaines de milliers de compteurs en heures creuses.