Woody Allen ou les Ecrans traversés
Woody Allen ou les Ecrans traversés
Par Renaud Machart
« La Rose pourpre du Caire » et « Whatever Works » rappellent les récurrences thématiques de l’œuvre du réalisateur américain (vendredi 27 mai à 17 h 15 sur Ciné+ Club pour le premier et à 22 h 05 sur OCS Max pour le second).
Mia Farrow (Cecilia) dans « La Rose pourpre du Caire ». | OCS
« La Rose pourpre du Caire » et « Whatever Works » rappellent les récurrences thématiques de l’œuvre du réalisateur américain.
La fréquence de diffusion des films de Woody Allen à la télévision permet au téléspectateur, quand il les visionne groupés, d’en saisir les récurrences thématiques. Ce que les amateurs du cinéaste américain considèrent comme un style hautement personnel et que ses opposants dénoncent comme des tics d’infertilité artistique. Car, dans les films de la maturité allénienne, qui débute avec Annie Hall (1977), ce sont souvent les mêmes thèmes qui se trouvent développés en infinies variations : les couples discordants ou usés, l’attrait régénérateur de la jeunesse, le désir de transformation personnelle, la magie salvatrice ou le rêve échappatoire.
The Purple Rose of Cairo (1985 Trailer)
Durée : 01:34
A quoi s’ajoute, chez Woody Allen, un goût pour les citations de genre. Dans La Rose pourpre du Caire (1985), que diffuse Ciné+ Club, le metteur en scène réalise une parodie de film hollywoodien des années 1930 (décors Art déco filmés en noir et blanc) d’autant plus poétiquement hilarante qu’elle fait sortir l’un des personnages de l’écran et lui réinvente une vie avec une jeune femme qui revoit pour la énième fois le film projeté dans la petite ville sinistre où elle croupit auprès d’un mari alcoolique et volage.
Intrus dévastateur
Le personnage acariâtre et désabusé joué par Larry David dans Whatever Works (2009), diffusé le même jour par OCS Max, traverse en quelque sorte lui aussi l’écran, mais pour parler directement au spectateur et lui faire part, jusque dans la « morale » finale de cette jouissive comédie de mœurs, de son mépris pour le genre humain et les relations amoureuses.
Whatever Works - Official Trailer!
Durée : 02:18
Une fois de plus, les personnages accouplés y empruntent la voie d’une radicale transformation personnelle : au contact du senior antipathique, une jeune fille un peu oie blanche se libère, sa mère coincée rejette la religion et se découvre artiste et polyamoureuse, tandis que le père finit par céder à son penchant pour les hommes.
Une sorte de Théorème (le film de Pasolini de 1968) à l’envers, où une famille vient visiter un intrus dévastateur au lieu que d’être visitée par lui.
La Rose pourpre du Caire, de Woody Allen. Avec Mia Farrow, Jeff Daniels (EU, 1985, 85 min), vendredi 27 mai à 17 h 15 sur Ciné + Club ; Whatever Works, de Woody Allen. Avec Larry David, Evan Rachel Wood (EU, 2009, 92 min), vendredi 27 mai à 22 h 05 sur OCS Max.