Des fleurs ont été déposées en hommage à Jo Cox devant le Parlement à Londres. | NEIL HALL / REUTERS

« Une attaque contre l’humanité, l’idéalisme et la démocratie » : le Guardian ne manque pas de mots pour décrire la mort de Jo Cox, députée travailliste britannique tuée jeudi 16 juin à Birstall, en Angleterre. « Quelle qu’en soit la cause, une attaque contre un parlementaire est toujours une attaque contre le Parlement, c’est le cas pour celle de jeudi, et c’était le cas pour les précédentes », assure le quotidien britannique dans son éditorial, rappelant que « la violence contre les députés est, Dieu merci, rare en Grande-Bretagne ». « Seuls trois députés » ont été tués dans l’histoire récente du pays, tous l’avaient été dans le cadre du conflit nord-irlandais.

« Aujourd’hui, il s’agit d’une députée choisie par les citoyens [des circonscriptions] de Batley et Spen pour les représenter, animée par son devoir de résoudre les problèmes pratiques de ces mêmes citoyens. S’attaquer à elle, à ce moment et à cet endroit, c’est pointer une arme à feu sur toutes les valeurs dont peuvent être fiers les honnêtes Britanniques. »

Le bilan de celle qui militait depuis plusieurs semaines pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne fait en tout cas l’unanimité dans la presse. « Jo était une députée profondément impliquée dans son parti, et dans la façon dont les politiques peuvent faire la différence, pas juste ici, mais partout dans le monde », écrit la journaliste Laura Kuenssberg sur le site de la BBC.

Une « passion pour la justice sociale et l’égalité »

Le Yorkshire Post, salue la mémoire d’une « fille, mère, femme politique et humanitaire qui s’est vraiment efforcée de faire de son mieux pour tous ceux qu’elle a pu rencontrer au cours de sa courte vie ». Pour le quotidien local, Jo Cox incarnait cette « nouvelle génération de députés qui cherchent à rétablir la confiance brisée par d’autres », « à l’heure ou la relation entre Westminster et les électeurs n’a jamais été aussi tendue ».

Dans The Independent, Sadi Khan, nouveau maire travailliste de Londres, raconte ses premières rencontres avec celle qui n’était pas encore députée, mais avait passé les premières années de sa carrière à travailler pour des organisations non gouvernementales : « Je savais qu’elle apporterait sa passion pour la justice sociale et l’égalité au Parlement, et qu’elle se battrait aussi fort pour sa communauté au sein de Westminster qu’elle l’avait fait pour tant d’autres partout dans le monde. » Une femme « animée par un idéal », ajoute le Guardian : « Une société dans laquelle les gens peuvent se sentir bien dans leur différence. »

Alors que Mme Cox se trouvait près de la bibliothèque où elle tenait régulièrement des permanences au moment de son meurtre, le Yorkshire Post s’interroge sur la protection des élus, dont les conditions « devront être revues de façon urgente » :

« Seuls ceux qui sont impliqués dans les questions de défense et de sécurité nationale bénéficient systématiquement d’une protection armée, mais il serait profondément regrettable que les élus deviennent moins accessibles à la suite de cette attaque horrible. »

« Une partie essentielle de notre démocratie réside dans le fait que les gens aient un accès complet et gratuit à leurs députés », souligne le député conservateur Andrew Mitchell dans un hommage à Mme Cox publié sur le site du Telegraph. « Cela implique parfois des risques, mais nous devons veiller à ne pas les exagérer, d’autant plus que beaucoup de gens dans beaucoup d’emplois sont confrontés à des risques : les députés ne sont pas un cas particulier. » « Jo était la dernière personne dont on aurait pu penser qu’elle courait un risque, elle était si gentille et aimable », confie finalement l’élu.

Si les motivations du tueur restent pour l’heure toujours floues, les deux camps qui s’opposent depuis des mois sur la question du « Brexit », ont décidé d’interrompre leur campagne vendredi, à moins d’une semaine du référendum du 23 juin, en hommage à Mme Cox.