Les parlementaires démocrates américains poursuivent leur sit-in contre les armes
Les parlementaires démocrates américains poursuivent leur sit-in contre les armes
Par Stéphane Lauer (New York, correspondant)
Equipés de thermos et de couvertures, les élus se disent résolus à voter deux textes restreignant la vente d’armes à feu.
Les Démocrates organisent un sit-in contre les armes à feu
Durée : 02:13
Des soutiens des élus démocrates manifestent devant le Capitol, à Washington DC, le 22 juin. | Pete Marovich / AFP
L’initiative des parlementaires démocrates, qui ont entamé, mercredi 23 juin, un sit-in au Congrès pour obtenir le vote d’un texte restreignant la vente d’armes à feu aux Etats-Unis, se prolongeait jeudi matin. Dix jours après le massacre d’Orlando, la majorité républicaine se refuse toujours à durcir la législation. Le Sénat a repoussé, lundi 20 juin, quatre propositions dans ce sens. Face à cette fin de non-recevoir, une poignée de démocrates a donc décidé de lancer cette action de protestation alors que les parlementaires s’apprêtent à partir en vacances jusqu’au 5 juillet, à l’occasion de la fête nationale.
Nancy Pelosi, à la tête de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, a affirmé que ses troupes tiendraient bon. Munis de couvertures, d’oreillers et de thermos de café, les élus se disent résolus à ne pas céder. « Nous ne nous reposerons pas », a-t-elle affirmé au petit matin, refusant de quitter la salle pour que les équipes de nettoyage puissent faire leur travail.
« Moment charnière »
À l’origine de cette initiative inédite, John Lewis, le représentant de la Géorgie, figure du mouvement des droits civiques dans les années 1960, qui a commencé à s’asseoir à même la moquette dès mercredi vers 11 h 30, soutenu par une centaine de parlementaires. « Il arrive moment où vous devez dire quelque chose, où vous devez faire un peu de bruit, où vous devez vous bouger », a-t-il lancé peu avant le sit-in. Le président Barack Obama a retweeté l’élu en le remerciant de « mener [ce mouvement] sur la violence des armes au moment où on en a le plus besoin ».
Pour Joe Crowley, un élu de l’Etat de New York, il s’agit d’un « moment charnière » où « les gens en ont assez du silence ». Chacun des protestataires a commencé à égrainer les noms de victimes de tueries dans leur propre circonscription, évoquant les anecdotes sur les différents massacres.
Le président de la chambre, Paul Ryan, a tenté de poursuivre la séance dans la soirée mercredi, mais a été obligé de la suspendre face aux protestations des démocrates, qui se sont mis à crier « no bill, no break » (pas de loi, pas de pause). Alors que les démocrates demandaient que les congés pour la fête du 4 juillet soit annulés, M. Ryan a refusé et a ajourné la session pour quinze jours.
La chaîne parlementaire C-SPAN, qui ne dispose d’une autorisation que pour retransmettre les séances, n’a pas pu filmer le sit-in. Mais elle a contourné cette obligation en passant par les réseaux sociaux afin, malgré tout, de diffuser des images de cette protestation inédite.
Pas de vote des deux propositions de loi sur les armes
Le président de la chambre a qualifié le sit-in de « coup de pub » tout en campant sur sa position de refuser de permettre le vote sur deux propositions de loi réclamées par les démocrates : l’une vise à rendre plus exigeantes les vérifications d’antécédents pour acheter une arme dans une foire ou sur Internet, l’autre veut interdire à une personne figurant sur les listes de surveillance terroriste de pouvoir en acheter une.
« Ce n’est pas une façon d’aborder une législation », a-t-il déclaré sur CNN, ajoutant que les parlementaires devaient se concentrer avant tout sur le problème du terrorisme et la façon de prévenir de nouvelles attaques. « Vous devriez plutôt débattre de l’Islam radical », a lancé Louie Gohmert, un républicain du Texas.
« Ils peuvent mettre un terme à la session parlementaire, mais ils ne peuvent pas faire taire les victimes et la volonté du peuple américain », a déclaré Mme Pelosi. « Nous ne partirons pas sans avoir agi pour les familles et les victimes d’une violence irresponsable », a promis M. Lewis sur Twitter au petit matin.