Sous la pression, Sarkozy s’est résolu à « débrancher » son ami Balkany
Sous la pression, Sarkozy s’est résolu à « débrancher » son ami Balkany
Par Alexandre Lemarié
Le président du parti Les Républicains (LR) a pesé de tout son poids pour contraindre son ami d’enfance, Patrick Balkany, à renoncer à être candidat aux législatives de 2017.
Patrick Balkany à l’Assemblée nationale, en novembre 2015. | © Charles Platiau / Reuters / REUTERS
La polémique devenait trop gênante pour Nicolas Sarkozy, dans l’optique de la primaire à droite pour la présidentielle. Alors, il a tenté d’éteindre l’incendie. Le président du parti Les Républicains (LR) a pesé de tout son poids pour contraindre son ami d’enfance, Patrick Balkany, à jeter l’éponge.
Mardi 28 juin, le sulfureux maire de Levallois-Perret a annoncé à la surprise générale qu’il renonçait à être candidat aux législatives de 2017 dans les Hauts-de-Seine. Son investiture, validée sept jours plus tôt par la commission nationale d’investiture du parti, avait provoqué un tollé à droite et suscité des critiques à gauche.
Certes, M. Balkany avait bénéficié de la règle en vigueur au sein de LR, qui prévoit de réinvestir par défaut tous les députés sortants. Mais ce choix, moralement discutable, faisait tache. Le maire de Levallois-Perret est en effet sous le coup de quatre mises en examen pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale, corruption passive et déclaration mensongère. « Son investiture nous plombait tous collectivement car Balkany symbolise tout ce que les gens détestent : une forme de morgue et un côté sans foi ni loi », témoigne un député LR.
Conscients de l’effet dévastateur de cette histoire dans l’opinion, les rivaux de M. Sarkozy se montraient déterminés à l’exploiter pour décrédibiliser le président de LR. « Toujours la même vieille politique ! », avait fustigé Bruno Le Maire. François Fillon et Hervé Mariton s’étaient aussi élevés contre une décision jugée « choquante ». En cinq jours, une pétition en ligne demandant le retrait de la candidature de M. Balkany avait déjà rassemblé plus de 125 000 soutiens.
La situation devenait donc difficilement tenable pour M. Sarkozy, qui risquait de traîner le cas Balkany comme un boulet tout au long de sa campagne pour la primaire, en offrant un angle d’attaque tout trouvé à ses détracteurs. « Le poids devenait trop lourd donc, soit Sarko le lâchait, soit il se faisait embarquer avec », résume un dirigeant de LR.
Le prétexte de la loi sur le non-cumul
L’ancien chef de l’Etat l’a bien compris et a donc pressé son ami de trente ans de retirer sa candidature aux législatives. « Ils se sont eus au téléphone. Cette décision a été prise d’un commun accord et Nicolas Sarkozy salue une décision digne et courageuse », explique l’entourage du président de LR. Jusqu’au bout, ce dernier a pourtant tenté de soutenir le couple Balkany. « Tant qu’ils sont mis en examen, ils sont présumés innocents », avait déclaré sur France 2 celui qui est lui-même mis en examen dans l’affaire de ses comptes de campagne et dans celle des écoutes.
Pour justifier son retrait, M. Balkany a pris pour prétexte la loi sur le non-cumul, censée entrer en vigueur en 2017, alors que M. Sarkozy a pourtant promis de la supprimer s’il revenait aux affaires. Ayant décidé de se consacrer à sa mairie, il a demandé à la commission d’investiture de LR d’investir à sa place son ex-attachée parlementaire, Agnès Pottier-Dumas, âgée de 31 ans et aujourd’hui conseillère municipale de Levallois-Perret.
C’est bien la première fois qu’il se soucie du cumul : élu depuis 1983 à Levallois, il a également été élu cinq fois député de la 5e circonscription des Hauts-de-Seine entre 1988 et 2012.