Thomas Steg, responsable des relations publiques pour Volkswagen, le 11 août 2009. / MARKUS SCHREIBER / AP

C’est un nouveau scandale qui éclabousse Volkswagen. La direction du numéro un mondial de l’automobile a annoncé, mardi 30 janvier, qu’elle suspendait le lobbyiste en chef de l’entreprise pour le rôle qu’il a joué, de son propre aveu, dans l’organisation des tests d’émissions polluantes sur des singes.

« Thomas Steg […] est libéré de ses responsabilités jusqu’à ce que la lumière soit faite sur les événements », a annoncé Volkswagen dans un communiqué, assurant que « les investigations [internes] avançaient à grande vitesse » et qu’il s’agissait là « de premières conséquences ».

Volkswagen, BMW, Daimler et l’équipementier Bosch affrontent deux affaires distinctes mais révélées quasi simultanément, impliquant toutes deux un organisme de recherche qu’ils finançaient, l’EUGT, fermé depuis.

Le premier scandale, dévoilé par le New York Times, porte sur des tests menés aux Etats-Unis sur des singes en 2014, enfermés face à des dessins animés pendant qu’on leur faisait respirer la fumée émise par une Beetle, successeure de la Coccinelle, modèle phare de Volkswagen. Les journaux Stuttgarter Zeitung et Süddeutsche Zeitung ont ensuite évoqué des tests, menés à Aix-la-Chapelle, dans l’ouest de l’Allemagne, sur des êtres humains.

« Je le regrette vraiment »

Dans le quotidien Bild, Thomas Steg, responsable des relations publiques et des relations avec les autorités du groupe allemand, avait admis avoir été informé des essais destinés à étudier les effets de la pollution des moteurs diesel Volkswagen, truqués à l’époque pour paraître moins polluants.

« Les chercheurs américains voulaient faire leurs tests sur des volontaires humains », a-t-il expliqué, « j’ai alors répondu que je ne pouvais autoriser cela » et il a été décidé « de mener l’étude sur des singes ».

« Avec le recul, cette étude n’aurait jamais dû avoir lieu, qu’il s’agisse d’hommes ou de singes. Ce qui s’est passé n’aurait jamais dû arriver, je le regrette vraiment », a déclaré M. Steg, qui fut également porte-parole du chancelier Gerhard Schröder.

Quant à l’étude scientifique menée par un institut hospitalier à Aix-la-Chapelle et pour laquelle 25 personnes en bonne santé ont inhalé en 2013 et 2014 du dioxyde d’azote (NO2), Thomas Steg a voulu en justifier la logique, en assurant que les volontaires avaient été exposés à des « niveaux bien plus faibles que ceux constatés sur de nombreux lieux de travail ». Aucune de ces personnes « n’a eu de dommages », a-t-il dit.

« Choqués »

Plus tôt mardi, le patron du groupe, Matthias Müller, avait promis des « conséquences » internes après ces révélations. Lundi soir à Bruxelles, selon le magazine allemand Der Spiegel, M. Müller a déclaré que les tests sur les singes n’étaient « pas éthiques et étaient repoussants ».

La Commission européenne a aussi vivement réagi à ces révélations. « Nous sommes choqués par ces nouvelles comme n’importe qui d’autre », a dit le porte-parole de l’exécutif européen, interrogé par la presse. « Nous prenons note du fait que les autorités allemandes visent à enquêter sur ce sujet et nous espérons qu’elles le feront », a-t-il ajouté.

« Je pense que c’est aux autorités nationales de traiter le sujet » et ce type de sujet « requiert une action urgente des autorités nationales », a précisé le porte-parole de l’exécutif européen.

La commissaire européenne à l’industrie, Elzbieta Bienkowska, a estimé sur Twitter que ces tests étaient « immoraux et inacceptables pour une entreprise européenne au XXIe siècle ».