Au PS, grandes manœuvres autour de la première circonscription du Nord
Au PS, grandes manœuvres autour de la première circonscription du Nord
Par Laurie Moniez (Lille, correspondance)
Partisans et adversaires de Martine Aubry guignent le siège de député de Bernard Roman, qui devrait rejoindre l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières.
Patrick Kanner, ministre de la ville et des sports, et Martine Aubry, maire (PS) de Lille, en septembre 2014, à Lille. | DENIS CHARLET / AFP
Quatre mandats et puis s’en va. A la tête de la 1re circonscription du Nord depuis 1997, le socialiste Bernard Roman devrait remettre sa démission et quitter son poste de député le 22 juillet. Le président de la République lui a en effet proposé d’occuper la fonction de président de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer), le gendarme du rail, à la suite de Pierre Cardo. « Un honneur, souligne l’élu nordiste. J’ai accepté car c’est une mission exceptionnelle. » Avant la validation officielle de sa nomination, l’élu nordiste doit être auditionné par l’Assemblée nationale et le Sénat.
A 64 ans, l’ancien premier adjoint lillois de Pierre Mauroy laisse ainsi une place vacante sur la très convoitée 1re circonscription du Nord, située sur Lille-Centre, Lille-Sud, les communes de Loos et Faches-Thumesnil. Plusieurs noms circulent déjà pour batailler aux législatives de 2017 sur ces terres de gauche : Patrick Kanner, ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, Martine Filleul, première secrétaire de la fédération PS du Nord, ou encore le député François Lamy, ancien ministre délégué à la ville (mai 2012-mars 2014).
Ce dernier, bras droit de Martine Aubry, est à la recherche d’une circonscription depuis son parachutage en terres ch’ti. Toujours député de la 5e circonscription de l’Essonne, François Lamy a emménagé à Lille dans le quartier de Moulins en novembre 2014. A la mi-mars 2015, la maire de Lille avait annoncé officiellement qu’elle lui confiait une mission : établir un bilan des politiques municipales mises en place dans les dix quartiers lillois et proposer des réponses pour « améliorer la vie quotidienne et le vivre-ensemble à Lille ». Martine Aubry précisait alors : « On a besoin d’un œil neuf, de quelqu’un qui nous bouscule un peu. »
A défaut de bousculer, François Lamy a irrité une partie des socialistes nordistes. Et la greffe dans les Hauts-de-France n’a pas pris. Malgré cela, Martine Aubry reste convaincue par les capacités de l’ancien ministre. La 1re circonscription, dans laquelle il réside, pourrait lui permettre de s’enraciner.
L’heure du « rassemblement »
Au vu des tensions entre la maire de Lille et l’actuel ministre de la ville (depuis août 2014), un accord n’est pas spontanément acquis sur les terres où Pierre Mauroy fut député pendant cinq mandats. « Les relations sont parfois complexes pour ne pas dire compliquées, reconnaît Patrick Kanner. Mais on est tous d’accord sur le diagnostic : la reconquête ne passera pas sans rassemblement. » A 59 ans, ce fidèle de François Hollande dit être candidat aux postes où il sera « le plus utile ». « Je suis disponible et proche, ajoute-t-il. Après le ministère, je n’ai pas l’intention de disparaître. » Patrick Kanner ne dit pas non aux sénatoriales.
Bernard Roman, soutien de François Hollande et vieil ennemi de la maire de Lille, affirme pour sa part que les relations avec Martine Aubry sont apaisées. Son poste de député restera vacant jusqu’aux législatives des 11 et 18 juin 2017 car sa suppléante Marie-Christine Staniec ne le remplacera pas. « Je souhaite que cette période soit mise à profit pour qu’on se mette collectivement dans une logique de rassemblement et de reconquête, dit Bernard Roman. Kanner, Filleul, Lamy : il faut trouver une place à chacun. »
Pour Martine Filleul, « ce sont d’abord aux militants de décider ». La première secrétaire de la fédération du PS du Nord essaie depuis un an de relancer cette fédération en perte de militants et aux finances délicates. « Ce n’est pas un jeu d’échecs. Il faut collectivement trouver le ou la meilleur(e) candidat(e). »
A supposer que Martine Filleul soit désignée sur la 1re circonscription du Nord, François Lamy pourrait-il se lancer dans la 11e ? A 70 ans, l’actuel député Yves Durand ne compte pas se représenter pour un sixième mandat. Mais en décembre 2015, il déclarait à La Voix du Nord qu’il était hors de question de laisser cette circonscription à François Lamy : « Si c’était le cas, et s’il le fallait, je me représenterais. François Lamy, c’est non. Il y a presque un côté immoral. »
Une année d’ici les législatives. Ce ne sera pas sans doute pas de trop pour mettre les tensions entre socialistes du Nord de côté et permettre à chacun de trouver sa place.