Le processus de fusion entre Tengelmann (450 magasins Kaiser) et le leader du secteur Edeka est interrompu. | FABRIZIO BENSCH / REUTERS

Toute la presse allemande utilise la même expression : c’est une véritable « gifle » que la justice vient d’infliger à Sigmar Gabriel, ministre de l’économie et président du parti social-démocrate. Mardi 12 juillet, le tribunal de Dusseldorf qui a statué en référé a donné tort au ministre qui, en janvier, avait accepté, contre l’avis des autorités de la concurrence, la reprise de Tengelmann (450 magasins Kaiser) par le leader du secteur Edeka. Le processus de fusion est donc interrompu et peut-être même voué à l’échec.

Surtout, les 30 pages du jugement constituent un véritable réquisitoire contre le ministre, accusé de « partialité » pour avoir mené des « discussions secrètes » avec les deux groupes en décembre 2015. Sigmar Gabriel a pris la peine d’interrompre ses vacances pour répondre le 13 juillet aux juges.

Le ministère se réserve le droit d’attaquer à son tour cette décision.

Selon lui, les rencontres qu’il a eues avec les dirigeants des deux groupes n’avaient rien de confidentiel puisque des fonctionnaires y assistaient. Le ministère se réserve le droit d’attaquer à son tour cette décision mais ses juristes hésitent à le faire avant le jugement sur le fond qui doit intervenir dans quelques mois.

Garantie de l’emploi pendant cinq ans

Il est très rare qu’un ministre de l’économie ne suive pas les avis des autorités de la concurrence. Cela ne s’est produit qu’à une vingtaine de reprises depuis 1974. Sigmar Gabriel a justifié son intervention dans ce dossier par les 16 000 emplois chez Kaiser qui pourraient être menacés sans la fusion. En accord avec le syndicat des services Verdi, le ministre a accepté celle-ci en échange d’une garantie de l’emploi pendant cinq ans.

Ulcéré, le président de la commission chargée de lutter contre les monopoles, qui s’était prononcée à l’unanimité contre la fusion, avait démissionné de façon spectaculaire. Rewe, le concurrent d’Edeka pour la reprise de Tengelmann, avait alors porté plainte contre la décision du ministre.

Ce n’est pas la première déconvenue de Sigmar Gabriel en tant que ministre. Longtemps favorable au TTIP, le traité de libre-échange commercial entre l’Union européenne et les Etats-Unis, Sigmar Gabriel est devenu beaucoup plus réservé depuis qu’il est clairement apparu que les Allemands y étaient hostiles.

Par ailleurs, le ministre qui avait mis un point d’honneur à réduire les exportations d’armement – qui dépendent de son feu vert – a dû reconnaître début juillet que celles-ci avaient atteint un nouveau record en 2015, au grand dam là aussi de l’électorat social-démocrate.