Le gouverneur de l’Indiana, Mike Pence, au côté de Donald Trump, le 12 juillet, à Westfield. | TASOS KATOPODIS / AFP

Le futur candidat républicain à la présidentielle du 8 novembre, Donald Trump, a annoncé, vendredi 15 juillet, sur son compte Twitter, avoir choisi pour colistier un archétype des responsables politiques qu’il a taillés en pièce lors de la course à l’investiture.

Après avoir écarté neuf gouverneurs et anciens gouverneurs, il s’est en effet tourné vers un dixième, Mike Pence, qui dirige l’Indiana. Ancien élu à la Chambre des représentants (2001-2013), ex-président de la conférence du Parti républicain, une haute fonction d’appareil (2009-2011), ce dernier, âgé de 57 ans, est le patron du « Hoosier State » depuis 2012.

M. Trump avait définitivement défait ses derniers rivaux dans ce même Etat le 3 mai. A l’époque, M. Pence s’était signalé par son opportunisme en indiquant qu’il voterait pour le sénateur du Texas Ted Cruz tout en couvrant littéralement d’éloges M. Trump. Une utile précaution, alors que le gouverneur était en campagne pour un second mandat.

Le « ticket » républicain doit être adoubé lors de la convention de Cleveland (Ohio), qui s’ouvre lundi 18 juillet

En choisissant un élu classique comme candidat à la vice-présidence, M. Trump témoigne d’une volonté de recentrage déjà traduite dans les faits par l’éviction, en juin, de son directeur de campagne, Corey Lewandowksi. Les trois premiers enfants du milliardaire, très impliqués dans la campagne, auraient pesé, selon la presse américaine, en faveur du gouverneur de l’Indiana, qui a coiffé sur le fil son homologue du New Jersey, Chris Christie, mais aussi l’ancien speaker (président) de la Chambre des représentants Newt Gingrich, ou encore l’ancien général chargé du renseignement Michael Flynn.

Selon le Washington Post et la chaîne d’information continue CNN, M. Trump aurait cependant hésité jusqu’à la dernière minute avant d’arrêter son choix. Il a ainsi annulé une conférence de presse prévue vendredi avant, finalement, de communiquer le nom de son colistier. Les deux hommes devaient apparaître côte à côte samedi, deux jours avant le début de la convention de Cleveland (Ohio), qui va adouber le « ticket » républicain.

M. Pence apporte de fait une expertise politique de nature à rassurer certains conservateurs sceptiques quant à la capacité du milliardaire à remporter l’élection présidentielle. Le gouverneur s’était d’ailleurs lui-même interrogé sur ses propres chances au tout début de la course à l’investiture républicaine, avant de renoncer compte tenu du nombre élevé de prétendants.

Le candidat à la vice-présidence a suivi des études de droits avant de se lancer sans succès en politique. Après deux revers en 1988 et en 1990, il a construit sa notoriété en animant un programme de radio dans lequel il a donné libre cours à des opinions très arrêtées. Compagnon de route de l’aile droite républicaine, le Tea Party, le gouverneur de l’Indiana est aussi une caution aux yeux de la droite religieuse qui n’a pas oublié son paraphe, en 2015, d’un projet de loi jugé discriminatoire contre les homosexuels voté par le Sénat de son Etat.

« Chrétien, conservateur et républicain, dans cet ordre »

M. Pence avait vivement défendu un texte placé sous le feu des critiques. Il est également un farouche adversaire de l’avortement, un sujet crucial pour un électorat conservateur et sur lequel M. Trump a pu manifester par le passé une certaine mansuétude. Un projet de loi très restrictif qu’il a soutenu dans son Etat fait ainsi l’objet d’une procédure en justice. Le candidat à la vice-présidence a coutume de se définir d’ailleurs comme « chrétien, conservateur et républicain, dans cet ordre ».

Indépendamment de la personnalité du gouverneur, le choix de l’Indiana permet aussi à M. Trump de rappeler l’un de ses thèmes de campagne : la lutte contre la désindustrialisation induite, selon lui, par les accords commerciaux internationaux dont les Etats-Unis, à l’en croire, sont les dupes. C’est d’ailleurs dans l’Indiana qu’un géant de l’air conditionné, Carrier, a annoncé en début d’année son intention de transférer des unités de production au Mexique. Contrairement au milliardaire, M. Pence n’a cependant jamais exprimé la moindre opposition contre le libre-échange.

S’il permet de rassurer les électeurs républicains troublés par la victoire inattendue de M. Trump lors des primaires, le choix de M. Pence risque en revanche de n’être d’aucun secours pour séduire des électorats qui font pour l’instant défaut au magnat de l’immobilier. Les noms d’autres gouverneurs, des femmes notamment, avaient ainsi été suggérés pour rabibocher le milliardaire avec le vote féminin, qu’il s’agisse de celui de Nikki Haley (Caroline du Sud) ou de Susan Martinez (Nouveau-Mexique). Cette dernière avait en outre l’avantage de toucher les communautés latinos que M. Trump a heurtées par ses propositions très restrictives sur l’immigration.