Bernard Cazeneuve répond aux accusations de l’opposition sur sa gestion de la menace terroriste
Bernard Cazeneuve répond aux accusations de l’opposition sur sa gestion de la menace terroriste
Par Nicolas Chapuis, Julia Pascual, Soren Seelow
Dans une interview au « Monde », le ministre de l’intérieur s’en prend à ceux qui, en proposant des « lois d’exception », veulent « s’affranchir de l’Etat de droit ».
Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, le 19 juillet. | MAGALI DELPORTE / PICTURETANK POUR LE MONDE
Mis en cause par la droite et l’extrême droite pour sa gestion de la menace terroriste après l’attentat de Nice, qui a tué 84 personnes le 14 juillet, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve répond aux critiques dans une interview au Monde. Il s’en prend à ceux qui, en proposant des « lois d’exception », veulent « s’affranchir de l’Etat de droit ».
- « Toutes les mesures prises ne garantiront jamais le risque zéro »
Dans l’entretien, le ministre de l’intérieur défend l’action des services de renseignement et des forces de l’ordre, estimant que le profil atypique du meurtrier a rendu leur tache très compliquée : « Ceux qui prétendent savoir garantir le risque zéro mentent aux Français. Il est extrêmement difficile de détecter la préparation d’un tel attentat et je veux saluer le courage des policiers et la rapidité de leur intervention. »
Face aux mises en cause de la droite, Bernard Cazeneuve dénonce « les polémiques qui abaissent la parole publique et risquent d’affaiblir le pays ». Il vise particulièrement le FN : « En attisant les antagonismes par les discours, le FN prête la main à l’objectif des terroristes : créer des fractures insurmontables. Il est une force de dislocation de la République et de la nation. »
- Renseignement : « Nous sommes prêts à aller plus loin »
« Aucun débat n’est illégitime », précise Bernard Cazeneuve, après le rapport parlementaire qui préconise une refonte des services. Le ministre de l’intérieur se dit « favorable à une structure permanente d’échanges d’informations ». Mais il écarte toute hypothèse qui placerait les services de renseignement « dans une situation de big bang permanent ».
- Etat d’urgence : « Ce ne peut pas être un état permanent »
« Aujourd’hui, 80 % des assignations à résidence et plus de la moitié des perquisitions effectuées concernent des individus fichés pour radicalisation », affirme Bernard Cazeneuve.
Selon lui, « le caractère imminent du péril justifie la prolongation » de l’état d’urgence, votée dans la nuit de mardi à mercredi 20 juillet par l’Assemblée nationale, même si « l’état d’urgence ne peut pas être un état permanent ». Le ministre de l’intérieur met en garde la droite, qui a proposé toute une série de mesures : « Ceux qui proposent des lois d’exception veulent s’affranchir de l’Etat de droit. »