Laurent Wauquiez appelle Manuel Valls et Bernard Cazeneuve à la démission
Attentats : Laurent Wauquiez appelle Manuel Valls et Bernard Cazeneuve à la démission
Le numéro deux des Républicains estime dans « Le Figaro » que le gouvernement « est coupable de ne pas avoir tout fait pour empêcher » la vague terroriste et que « le premier ministre et le ministre de l’intérieur ne sont pas capables de changer de ligne ».
Dans un entretien accordé au Figaro du jeudi 28 juillet, le vice-président délégué du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, estime que « Manuel Valls et Bernard Cazeneuve doivent partir parce qu’ils refusent de prendre les mesures indispensables pour combattre l’islamisme ». Après les attentats de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes réclame « un nouveau gouvernement, déterminé à agir » :
« Si le gouvernement n’est pas responsable de la vague terroriste, il est coupable de ne pas avoir tout fait pour l’empêcher. Aujourd’hui, il apparaît clairement que le premier ministre et le ministre de l’intérieur ne sont pas capables de changer de ligne. Parler de guerre n’a de sens que si on est prêt à la mener. Ce n’est visiblement pas le cas du premier ministre, qui nous explique qu’il faut s’habituer au terrorisme. »
C’est la première fois qu’un responsable de ce niveau, à droite, demande la démission du ministre de l’intérieur et du premier ministre. Jusqu’à présent, seul le Front national avait réclamé la tête de M. Cazeneuve, uniquement. Même si, après les révélations du quotidien Libération sur les louvoiements de la communication de la Place Beauvau sur le dispositif de sécurité à Nice, le 14 juillet, Eric Woerth, secrétaire général du parti Les Républicains, avait estimé que « si certains ont menti, il y a une chaîne de commandement et les responsabilités doivent être engagées ». Georges Fenech, député du Rhône et président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, avait été plus direct, mais pas encore définitif : « Désormais, la question de la démission du ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, est inévitablement posée. »
« Cela suppose d’adapter la Constitution »
Le 20 juillet, une intervention à l’Assemblée nationale de M. Wauquiez, également député de Haute-Loire, avait provoqué une violente passe d’arme avec M. Valls. Lors du débat sur la loi de prorogation de l’état d’urgence, le numéro deux des Républicains défendait le principe de centres de rétention pour les « suspects » d’actes terroristes, une proposition reprise aujourd’hui par Nicolas Sarkozy. « Nous disons : il n’y a pas de liberté pour les ennemis de la République », avait-il expliqué, sous des huées à gauche.
M. Valls avait dénoncé des propos « inadmissibles » :
« Je ne crois pas que ce soit un dérapage de votre part, je pense que c’est une stratégie de votre part, que je ne confonds pas avec la droite républicaine. Cette stratégie, elle vous emportera. »
« La France dont je dirige le gouvernement ne sera pas celle où seront instaurés des centres où l’on enferme de manière indéterminée, pour un temps indéterminé, des individus que l’on suspecte », avait ajouté le chef du gouvernement, selon qui « la notion même de suspect a entraîné ce pays à des moments donnés, dans son histoire au cours des deux derniers siècles, dans le pire ».
Vive tension entre Laurent Wauquiez et Manuel Valls lors de l’examen à l’Assemblée de la prolongation de l’état d’urgence
Durée : 04:11
Sur cette question, le gouvernement avait saisi le Conseil d’Etat après les attentats à Paris et à Saint-Denis en novembre 2015. Ce dernier avait rendu dans la foulée un avis consultatif, publié le 23 décembre 2015. La réponse était catégorique : selon la Constitution et la Convention européenne des droits de l’homme, « il n’est pas possible d’autoriser par la loi, en dehors de toute procédure pénale, la rétention, dans des centres prévus à cet effet, des personnes radicalisées ».
Dans Le Figaro, jeudi, M. Wauquiez reconnaît donc que « cela suppose d’adapter la Constitution » et ajoute : « Je ne vois pas ce qui nous en empêcherait. »